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Club VHS : Tango & Cash

Tango & Cash (1989 – Andrei Konchalovsky) Par Julien Mazzoni
Club VHS : Tango & Cash

Tango et Cash, Cash et Tango. Le 2001 du buddy movie, l’ayatollah du film d’action décérébré. 


Le vilain petit canard tellement sous-estimé qu’il en est devenu une référence incontournable des VHS du samedi soir, et de la semaine tout entière d’ailleurs. Un p’tit coup de déprime ? Du vague à l’âme ? Laissez tomber les antidépresseurs et autres saletés lobotomisantes, ce film est le remède à tous vos maux. Que ce soit grâce au sérieux coincé de Ray Tango ou à la décontraction communicative de Gabriel Cash, le duo de choc vous fera voir la vie du bon côté.


Pondu en 1989 par Andrei Konchalovsky, le film narre les aventures des deux meilleurs flics de Los Angeles, une ville comme toujours gangrenée par le crime. Ray Tango dit « Armani en flic », c’est Stallone, qui tente ici plus ou moins adroitement de casser cette image de gros bourrin qui lui colle à la peau. Lunettes d’intello, costume trois-pièces et semi-balai dans le cul, ce richissime fonctionnaire n’en est pas moins un redoutable lieutenant de police qui a bouclé plus d’affaires que tous ses collègues réunis. Gabriel Cash, personnifié par un Kurt Russell plus cool que jamais, c’est le prolo justicier, le flic de la rue à nuque longue et santiags qui, par des méthodes bien à lui, a mis sous les verrous la moitié du crime organisé. Comme tout les oppose, ils vont bien malgré eux se retrouver mêlés à une sombre machination orchestrée par Yves Perret, le big boss de la mafia californienne. 


Initialement vendu comme un polar tout en surfant sur la vague de L’Arme fatale, le film va finalement muter durant sa conception pour devenir ce produit écervelé à l’ambition décomplexée. Les raisons restent floues, mais d’après Konchalovsky lui-même, il aurait en fait été remplacé vers la fin du tournage par le producteur qui ne partageait pas vraiment sa vision « trop sérieuse » du sujet. C’est le moins que l’on puisse dire, et toute la fin résume parfaitement cette mutation en partie ratée : après moult péripéties qui les auront trimballés d’une prison haute sécurité jusqu’au strip club où bosse la propre sœur de Tango (Teri Hatcher, 25 ans), les deux pieds nickelés foncent chez le vieux pote de Cash, Owen l’inventeur, sorte de savant fou croisé avec le Q de James Bond. Ils y récupèrent alors un super-camion blindé et surarmé digne des jouets M.A.S.K. qui se trouve là comme par hasard, juste avant de foncer dans l’entrepôt fortifié du méchant Perret pour lui régler son compte. Ce final de jeu vidéo complètement surréaliste doit se savourer comme un gros pot de pop-corn trop sucré : digestion difficile, mais plaisir immédiat. Des explosions partout et des vannes pourries dans une bataille rangée à deux contre cent, où la moindre logique cinématographique n’a plus lieu d’être, font ressembler ce morceau de bravoure à un brouillon de Michael Bay. Tango & Cash fut à l’époque très mal reçu par la critique, mais le succès fut pourtant au rendez-vous, en salles comme en VHS. C’est bien là l’ultime preuve qu’il est un élément indissociable d’un de vos samedis soirs réussis.


Tango & Cash (1989 – Andrei Konchalovsky)


Par Julien Mazzoni