Club VHS : Killer Klowns from Outer Space
Killer Klowns from Outer Space (Les Clowns tueurs venus d’ailleurs - 1988 - Stephen Chiodo) Par Julien DupuyAvant de devenir de très respectables artistes d’effets spéciaux, les frères Chiodo (Charles, Stephen et Edward de leurs petits noms) ont appris leur art en bricolant des monstres en caoutchouc et des paysages extra-terrestres en plâtre dans la chambre de leur petit appartement familial du Bronx.
La fratrie Chiodo a conservé de ce glorieux passé un sens du jeu sensible dans toutes leurs créations, des voraces Critters aux marionnettes de Team America, en passant par les petits robots tueurs de Planète hurlante. Mais c’est évidemment avec leur unique long métrage à ce jour, Les Clowns tueurs venus d’ailleurs, que cet état d’esprit familial connaît son apogée.
Voir Les Clowns tueurs venus d’ailleurs revient en effet à être invité dans la chambre de ces grands gamins, pour s’amuser avec tous les merveilleux jeux qu’ils se sont bricolés. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la plupart des acteurs du film sont des amis d’enfance des trois frangins biberonnés au latex. Comme ce n’est pas non plus un hasard si Les Clowns tueurs venus d’ailleurs reprend la structure narrative des films qui ont bercé leur enfance, comme les séries B d’invasion extra-terrestres des années 50. On retrouve en effet dans le film des Chiodo tout ce qui faisait le charme des œuvres de Bert I. Gordon ou Jack Arnold : même couple de héros insipides, même esprit banlieusard américain, même perplexité hautaine des services de l’ordre, ici représentés par un John Vernon merveilleusement abject. Si la structure des Clowns tueurs venus d’ailleurs est volontairement éculée, le twist du film consiste à transformer les aliens belliqueux en des clowns monstrueux. Ici, les pistolets laser lancent des pop-corn corrosifs, les langues de belles-mères se transforment en main étrangleuse, et les vaisseaux spatiaux ressemblent à des chapiteaux de cirque.
À la manière d’un vieux Freddy, chaque mise à mort s’accompagne de gimmicks ludiques, qui sont autant de prétextes aux Chiodo pour démontrer leur goût pour l’humour noir et leur savoir-faire en matière de trucages. Le film est en effet truffé d’inventions amusantes, à base de fondus enchaînés, d’image par image, de jeux de miroir, et de fumigènes colorés. Mais les grandes stars du film restent évidemment les killers klowns éponymes, de petits bijoux de design que l’on doit au talentueux Charles Chiodo dont le style, à mi-chemin entre le cartoon américain et le réalisme à la Bernie Wrightson, est tout simplement idéal pour ces visages grotesques, flétris comme un fruit pourri et fendus d’un sourire cynique. Personnages mutiques mais à la personnalité bien tranchée, à la fois grotesques et inquiétants, les killers klowns mériteraient à eux seuls une suite. Un doux rêve que les Chiodo continuent de caresser : Stephen Chiodo promettait qu’un second opus, en relief, était sur le point d’être tourné. Espérons que cette annonce n’est pas une nouvelle farce des clowns extra-terrestres.
Killer Klowns from Outer Space (Les Clowns tueurs venus d’ailleurs - 1988 - Stephen Chiodo)
Par Julien Dupuy