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Club VHS : The Long Kiss Goodnight

The Long Kiss Goodnight (Au revoir à jamais – 1996 - Renny Harlin) Par Guillaume Baron
Club VHS : The Long Kiss Goodnight

Mais merde, pourquoi de tels films n'existent plus ? 


Si vous lisez Rockyrama depuis un petit moment, vous n'êtes pas sans savoir que c'est une question que nous nous posons assez régulièrement. Et à laquelle nous apportons son lot de réponses, toutes plus tristes les unes que les autres. L'actioner malin, drôle, survolté et efficace, avec un zeste d'irrévérence et de réflexion n'a plus la cote à Hollywood (enfin si, il y a Iron Man 3, mais on verra ça plus tard). Il aura fallu que Renny Harlin coule un studio pour que nous constations, vingt ans après, le vide qu'il laissera derrière lui.


Amoureux de la neige et du froid, notre Finlandais préféré signe avec The Long Kiss Goodnight son dernier bon film, l'une de ses plus belles réussites. L'action, au milieu des années 90, Harlin connaît. Après son volet de Die Hard, qui ressemble encore aujourd'hui à l'exemple de la suite réussie et Cliffhanger, premier comeback salvateur de Sly, Harlin continue son chemin en raquettes, cette fois sur un scénario génial de Shane Black.


Black, à cette époque, se remet péniblement, entre autres troubles divers, de l'abandon de son bébé, L'Arme fatale, aux griffes de son mentor Joel Silver. Les aventures de Riggs et Murtaugh ne ressemblent plus à ce que Black souhaitait au départ mettre en place. L'absence de gris et le ton crépusculaire qu'il injecta à l'écriture de son récit balayé d'une main par Silver, qui mandatera Donner pour un traitement désormais Grand-Guignol de sa saga, ne lui correspond plus. Il préfère – enfin d'après les médias, car lui clamera toujours l'inverse– se livrer une guerre d'ego avec sa Némésis, le scénariste Joe Eszterhas. Le but du jeu ? Vendre à un prix record chaque nouveau scénario. Black a déjà fait sonner la timbale avec son script de Le Dernier Samaritain. Eszterhas le dépasse avec Basic Instinct ? Pas de panique, Black débarque dans les bureaux de New Line et repart avec un chèque au montant supérieur à celui de son rival.


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Harlin mène son scénario sur le bon tempo, et soigne à merveille tous ses personnages. Au premier rang desquels se trouve Davis, qui irradie littéralement de son charisme ce film girl power définitif. Huit ans avant que son seul véritable rival de plume, QT, n'arrive avec sa propre ode à la femme d'action – Kill Bill –, Black installe le temps de son scénario une dame au sommet de la chaîne alimentaire. En deux heures, Geena brise des nuques, passe des fringues tristes de l'institutrice sympa au cuir de son alter ego maléfique, flingue et picole tout ce qu'elle peut. Un numéro digne des plus grandes performances du genre.



Derrière la silhouette de Davis, Samuel Jackson commence à s'installer dans un fauteuil à sa mesure, le side kick drôle et fort en gueule. D'une évidence absolue dans sa bouche, les dialogues de Black subliment ce rôle misérable de détective (encore une fois, chez Black, le film noir rôde en marge). Un méchant à la hauteur de Mr Joshua ou Milo, le fameux Timothy, sadique au sourire ravageur, et le triumvirat idéal est en place.


Harlin et Black, sans le savoir, réalisent l'un des derniers films des années 80, en 1996. Heureusement, le destin des deux hommes ne fut pas lié. Harlin a coulé, pendant que Black a conquis, 30 ans après ses débuts, le trône qu'il méritait.



The Long Kiss Goodnight (Au revoir à jamais – 1996 - Renny Harlin)


Par Guillaume Baron