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Club VHS : Le Maître de guerre

Heartbreak Ridge (Le Maître de guerre – 1986 – Clint Eastwood) Par Christophe Balme
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James Carabatsos est un vétéran de la guerre du Viêt Nam. En 1984, il propose un script à la Warner inspiré d’un fait réel : celui d’un soldat américain qui, lors d’un tir soutenu pendant l’invasion de l’île de Grenade, a dû se servir de sa carte de crédit pour appeler sa garnison et demander de l’aide. Il emballe son histoire, en proposant un récit d’initiation sous forme de passage de relais entre deux générations de soldats qui vont avoir du mal à cohabiter. En 1985, Eastwood est en pleine campagne électorale. Il brigue le poste de maire de Carmel, la ville dans laquelle il réside, mais trouve quand même le temps de lire le script et décide de rencontrer Carabatsos.

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Le sergent tirailleur Thomas Highway est un vétéran « qui a des renvois de barbelés, qui pisse du napalm et qui te vide un chargeur dans le cul d’une mouche à 200 mètres ». Plus badass que Josey Wales ou Dirty Harry, Highway est un militaire proche de la retraite, bardé de médailles, mais qui à cause de sa grande gueule, n’a jamais pu dépasser le grade de sergent. Qu’on ne s’y trompe pas : loin d’être un fossile, Highway est une arme de destruction massive, preuve en est qu’il a fait Crève Cœur, une escarmouche pendant la guerre de Corée qui a fini en boucherie, faisant plus de 30 000 morts. Le titre original – Heartbreak Ridge – fait d’ailleurs référence à ce conflit qui en 1951 a vu s’affronter des bataillons de l’ONU avec l’armée nord-coréenne. Tom Highway n’est pas fait pour se la couler douce, c’est la raison pour laquelle il va demander son affectation comme instructeur dans son ancien régiment. Là, il va être chargé d’entraîner un peloton de reconnaissance qui avait la vie de cocagne avant son arrivée. Dès lors, les choses vont bien changer : « fini, les toutouches sous la douche », les soldats vont devoir s’entraîner à la dure pour devenir des machines de guerre. Clint Eastwood réalise ici son douzième long métrage qu’il interprète aux côtés de Mario Van Peebles. La relation entre les deux hommes y est pour beaucoup dans le succès du film. Plus qu’un choc des générations, c’est un duel des cultures, entre un homme qui a dédié sa vie à l’armée et Stich Jones, le jeune soldat cool, bien dans sa peau, plein de gouaille et se définissant lui-même comme le « duc du cool, le prince du funk et l’ayatollah des rock'n rollers ». L’instructeur et ses recrues vont s’affronter à coup de punchlines bien senties pour savoir qui craquera le premier. D’abord prêt à tout pour évincer Highway, la relation entre l’instructeur et son bataillon va évoluer en un respect mutuel, mêlé d’une bonne dose de machisme. La garnison ainsi soudée va pouvoir affronter les ressentiments du jeune et ambitieux Commandant Powers qui ne voit Highway que comme un vestige d’un temps passé. Le Maître de guerre est un divertissement jouissif, un mélange d’héroïsme au ras des pâquerettes et d’un patriotisme pataud, montrant une armée à la masse et des combats brouillons, à tel point que le ministère de la Défense américain désavoua le film après les premières projections. Heureusement, Highway et ses hommes sont là pour vous rappeler que : « Le marine est silencieux, le marine est mortel. Un coup de bite, un seul petit coup les loulous, au-delà ça débouche sur le plaisir et vraiment, on n’est pas là pour ça ! ».


Heartbreak Ridge (Le Maître de guerre – 1986 – Clint Eastwood)


Par Christophe Balme