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15 jours à la maison, 15 films : Evil Dead 3

La vie est ainsi faite : nous devons toutes et tous, pour la sécurité de chacun, rester à la maison pendant quinze jours, au moins. Quinze jours, quinze films, à voir ou à revoir.
15 jours à la maison, 15 films : Evil Dead 3

Evil Dead 3 (Evil Dead 3 : L'Armée des Ténèbres – 1993 – Sam Raimi)


La vie de Sam Raimi est celle d’un passionné de cinéma, faite d’une succession d’heureuses rencontres. C’est à l’université qu’il fait la connaissance de Bruce Campbell, son acteur fétiche, et de Scott Spiegel qui lui fera découvrir les classiques du cinéma fantastique. Ensemble, ils réaliseront plusieurs courts métrages comme Clockwork et Within the woods, qu’on pourrait qualifier de bêta-test pour leur premier long métrage : Book of the dead, rapidement rebaptisé Evil Dead.

Le premier volume de la saga, que Raimi réalise alors qu’il n’a que 20 ans, est un succès immédiat. L’ambiance crasse et l’ingéniosité de la réalisation en font un film culte qui influencera le cinéma d’horreur pour les années à venir. L’Armée des ténèbres est le troisième opus de la série des Evil Dead, réalisée par Raimi et coécrit avec son frère Ivan. Quand le premier film joue la carte jusqu’au-boutiste de la violence, le deuxième est, quant à lui, une sorte de remake qui amène déjà ce côté « comédie noire » qui caractérisera le troisième film.


Dès les premières minutes, on retrouve Ash (Bruce Campbell), projeté dans un monde médiéval hanté par des créatures de l’au-delà. Nous sommes en 1300, dans un royaume qui ressemble vaguement à l’Angleterre féodale et où les chevaliers du roi Arthur capturent notre héros qu’ils soupçonnent être un félon aux ordres du Duc Henri. Le châtiment qui attend Ash est la mort. Il va être jeté dans un puits où il devra affronter une sorcière maléfique adepte du kung-fu.

Ash et la tronçonneuse qu’il s’est greffée en guise de main viendront à bout de ces cadavéreux qu’il exterminera grâce à sa « baguette magique » : un Remington à canon double, calibre 12, « la meilleure affaire de chez Prixbas ».


Comme tout héros qui se respecte, il devra s’acquitter d’une mission sacrée, à savoir récupérer le Nécronomicon responsable de tous ses malheurs. Ce Livre des Morts qui est le vecteur du Mal, déjà présent dans le premier film, est issu de la littérature horrifique d’H.P. Lovecraft, qui le présentait comme artefact magique recelant le savoir occulte des Grands Anciens. Afin d’annihiler les pouvoirs démoniaques du Nécronomicon, Ash devra réciter l’incantation « Klaatu barada nikto ». Une formule directement tirée du film Le jour où la Terre s’arrêta de Robert Wise (1951), que notre héros nigaud foirera dans les grandes largeurs, permettant ainsi au Mal de se répandre sur le monde. Ash sera la première victime du maléfice. Il devra en découdre tout d’abord avec des versions miniatures de lui-même, puis avec un double maléfique cartoonnesque, qui deviendra leader d’une horde de morts-vivants.


Raimi est tout aussi fan de l’humour potache des Trois Stooges que du Septième voyage de Sinbad. Ce sera pour lui une évidence, aussi bien économique qu’artistique, d’utiliser le même procédé en stop-motion que Ray Harryhausen pour animer les créatures fantastiques qui peuplent Evil Dead 3, en donnant au film un côté kitch assumé. On est loin du huis clos tendu du premier opus. L’Armée des ténèbres joue clairement la carte du burlesque, enchaînant des gags jouant essentiellement sur l’anachronisme et le manque total d’humilité de notre héros.


Maintes fois remonté par les studios pour obtenir une classification en PG-13 (qu’il n’obtiendra pas), Raimi dû aussi tourner une nouvelle fin, moins pessimiste, pour satisfaire Universal. Mais n’en déplaise à nos amis ricains, des trois montages sortis dans le monde, le cut européen reste quand même le plus groovy !


Christophe Balme


Article initialement paru dans le HS Rockyrama Videoclub disponible ICI.

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