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Club VHS : Rolling Thunder

La vie est ainsi faite : nous devons toutes et tous, pour la sécurité de chacun, rester à la maison. Rockyrama, chaque jour, vous conseille un film.
Club VHS : Rolling Thunder

Rolling Thunder (Légitime Violence – 1977 – John Flynn)


Quentin Tarantino fait de Rolling Thunder l’un de ses films fétiches, au point de baptiser son label de distribution de DVD du même nom (une entreprise aujourd’hui défunte). Malgré cette recommandation de haut rang, la vidéo reste très dure à dénicher chez nous (mais remercions Dieu pour les internets…). Il faut dire que son titre français, Légitime Violence, est également celui d’un film de Serge Leroy sorti cinq ans plus tard, au casting duquel on trouvait Claude Brasseur, Thierry Lhermitte et Véronique Genest. Ça n’aide pas... Dans le Légitime Violence qui nous intéresse – Rolling Thunder, donc – Tommy Lee Jones tient le second rôle masculin derrière le méconnu William Devane qui incarne le major Charles Rane. Tous deux campent des héros du Viêt Nam de retour chez eux. Rane retrouve sa famille un poil décomposée et reçoit quelques cadeaux, parmi lesquels des pièces de monnaie commémoratives. Rien de bien incroyable, mais de quoi exciter suffisamment la délinquance locale. Les malfrats du coin se rendent donc chez le vétéran avec l’intention de piocher un peu dans les bas de laine de l’ancien soldat. Ils atteignent vaguement leur objectif, mais le raid tourne au drame. Soutenu par son pote (Tommy Lee Jones, quoi) Rane n’a qu’une idée en tête : se venger…

Le pitch est ultra-classique, mais le quatrième film de John Flynn est une réussite complète. Il faut dire que le réalisateur, disparu en 2007, était l’un des boss du « film de samedi soir ». Son remarqué Échec à l’organisation a précédé Rolling Thunder, lui-même suivi d’autres projets taillés pour les secondes parties de soirée comme Les Massacreurs de Brooklyn (pas vu, mais le titre français est somptueux), Pacte avec un tueur (James Woods x Brian Dennehy), Haute sécurité avec Stallone en zonzon et Justice sauvage (l’un des trois films cools avec Steven Seagal en vedette).


Dès le premier visionnage, toute personne saine d’esprit classera Rolling Thunder dans son Top 5 des films de vengeance (un classement dans lequel vous me ferez le plaisir d’inscrire Old Boy de Park Chan-Wook et Revenge de Tony Scott... Je vous laisse choisir les deux autres. Merci). On y trouve une petite ville américaine de dépliant touristique, des méchants très laids et dangereusement demeurés, des endroits de perdition, des filles (peu, mais pas gourdes, donc sexy) et des flingues de calibres divers, le tout écrit par Paul Schrader, à la suite de Taxi Driver et Obsession de Brian de Palma (autant dire que Paul était chaud à l’époque…). La mise en scène âpre donne de la justesse à ce film rude qui ne s’enlise jamais dans des effets visuels ou narratifs inutiles. Tourné en pleine période de questionnement pour beaucoup d’Américains, Rolling Thunder met le doigt sur les questions qui fâchent (le retour des vétérans du Viêt Nam, la légitime défense….) et Flynn a mis un point d’honneur à envoyer le générique de fin lorsqu’il n’avait plus rien à dire, sans épilogue moralisateur ou forcé (la méthode Shaw Brothers, un peu).  Alors oui, il vous faudra chercher un peu : Rolling Thunder se mérite, mais son visionnage est jouissif et gratifiant. La vengeance bien à chaud.


Arnaud Fraisse 


Article initialement paru dans le HS Rockyrama Videoclub disponible ICI.

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