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Club VHS : Opération Dragon

Opération Dragon (Enter the dragon - 1973 - Robert Clouse) Par Aubry Salmon
Club VHS : Opération Dragon

Bruce Lee n’est pas mort. Bruce Lee est éternel. Du moins sa légende. 


En tous cas, plus de quarante ans après sa mort, son nom ne souffre d’aucune concurrence au sommet du panthéon des arts martiaux et du cinéma de castagne. À tel point qu’aucun de ses prétendus successeurs n’a résisté bien longtemps à la puissance du mythe. Ni Jackie Chan ni Jet Li, qui tous les deux marchèrent pourtant scrupuleusement dans ses traces. Alors qu’il ne tourna véritablement que quatre films comme vedette – Le Jeu de la mort ne comptant pas vraiment. Quatre films en deux ans. Quatre films qui gravèrent son visage – qui ne devait malheureusement jamais vieillir – parmi les étoiles.


Opération Dragon, le dernier de ces films, fut celui qui propulsa instantanément Bruce Lee en tant que star internationale. Avant cela, il y avait eu les séries télé américaines, puis le retour au pays pour passer au grand écran avec succès. Mais l’Amérique – sa patrie de naissance – restait son grand défi. C’est Warner qui revient vite à la charge – après avoir pourtant snobé Lee pour le rôle principal de la série Kung-Fu –, pressé cependant par quelques soutiens de taille tels que ses amis et élèves James Coburn et Steve McQueen. La présence de John Saxon en co-vedette, déjà solide second couteau à l’époque, ou de Lalo Schifrin au score, sans compter le prestige du logo d’un grand studio en ouverture d’une simple série B, confère au film une fière allure. Bien sûr, il est amusant de comparer le style martial de Lee à celui plus « rudimentaire » de Saxon ; quant au débutant Jim Kelly, qui joue le héros tout droit sorti d’une péloche blaxpoitation, il n’a malheureusement pas le temps de briller… Mais Bruce Lee, qu’il garde ou tombe la chemise – toujours en fonction de l’importance de l’adversaire, leçon retenue par Van Damme dans Bloodsport –, livre chaque fois un moment de bravoure. Puis arrive la confrontation finale avec Han, ce méchant devant autant à Dr No (pour sa main de fer) qu’à Richard Nixon (pour sa coupe de cheveux), dans la salle des miroirs. Une séquence d’autant plus mythique qu’elle sera la dernière de Bruce Lee qui se balade parmi ces dizaines de miroirs qui sont autant de reflets de ses démons intérieurs – comme très justement souligné dans le biopic de Rob Cohen.


À peine quelques semaines après la fin du tournage, et six jours seulement avant la grande sortie du film sur les écrans américains, Lee décède mystérieusement à l’âge de trente-deux ans. Comme pour James Dean, la mort de Lee à l’aube de sa carrière le fait immédiatement entrer dans la légende, ses précédents films étant redécouverts par des millions de fans à travers le monde. Il est vain d’imaginer ce qu’aurait été sa carrière, mais il est évident qu’avec le succès retentissant d’Opération Dragon, il aurait eu accès à des scénarios de premier ordre et à des budgets plus adaptés à son ambition illimitée – Polanski, un autre de ses élèves célèbres, regretta d’ailleurs quelques années après sa mort de ne pas avoir pu tourner avec Lee un véritable film d’action d’envergure rendant justice à ses capacités d’acteur et de combattant. Mais au fond qu’importe, car en très peu de temps, Lee a profondément marqué le cinéma d’action, lançant la vague des héros martiaux qui explosa dans les 80’s. Pourtant, alors qu’aujourd’hui le cinéma d’arts martiaux reste encore cantonné aux marges du système – malgré les succès de Matrix ou de Tigres et Dragons –, l’ombre du Petit Dragon plane encore dans le ciel, parmi les étoiles qu’il a rejointes bien trop tôt.


Opération Dragon (Enter the dragon - 1973 - Robert Clouse) 


Par Aubry Salmon