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Club VHS : The Lost Boys

Génération perdue (The Lost Boys - Joel Schumacher – 1987) Par Clément Arbrun
Club VHS : The Lost Boys

Du Breakfast Club à Pump Up The Volume (qui boucle la décennie 80), le teen movie fut plus que jamais le cri du désespoir comme celui du ralliement, la captation à la fois punchy et dramatique de figures suicidaires, entre insouciance, souffrance, soif de liberté et haine. 


Si Génération perdue, titre ô combien nihiliste pourtant, jouait de l'ambivalence des perceptions en inversant les rôles, il aurait eu sa place dans le cercle très fermé des œuvres phares exposant cette jeunesse contestataire... or, pour Joel Schumacher et ses scénaristes, le monde ado se divise en deux. D'un côté, celui qui risque de perdre sa précieuse innocence en s’enfonçant dans les ténèbres du no future, et de l'autre, ces blousons de cuir sanguinaires qui font flipper les adultes. Ainsi, le film délaisse tout souci de réalisme et s'assume en parodie sociale, puisqu'il va constamment jouer d'une symbolique affirmée, transposant l'imaginaire vampirique dans le cadre d'un univers ultra codé : dans ce monde décadent de nouveaux punks, tout ce qui est lié au sexe, au hard rock, aux grosses cylindrées et à ce qui fait planer, tout cela est un fléau, assimilable à ces voyous buveurs de sang. 

Ce crayonné appuyé où l'adolescence est esquissée avec dérision, maniement du cliché, luminosité atmosphérique et même romantisme, impose l’œuvre comme un mix improbable entre Vampire, vous avez dit vampire ? et Aux frontières de l'aube. 

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Le cinéaste s'accapare les éléments les plus outranciers des eighties : de la B.O aux brouillards clippés, de Corey Feldman à un Kiefer coiffé comme Billy Idol, de la camaraderie enfantine façon Goonies au second degré parsemé d'envolées gore si fun. Mais si Génération perdue renvoie à une époque, c'est bien aux années cinquante, période fondatrice quant au croisement-hybride entre le fantastique et l'adolescent, de I was a teenage werewolf à The Blob. 


Comme au bon vieux temps du communisme, on se régale de cette propagande préventive, où tout ce qui fait du bruit est diabolique et où chaque étranger est un bouffeur de gorge au rire sardonique. C'est ainsi qu'il faut voir le film : comme une farce, où l'envol nosferatique est aussi puissant qu'une bonne seringue dans le bras (cause inévitable de soucis familiaux) et où les poses iconiques d'un Sutherland calquent ce dernier sur Brando ou James Dean, l'imposant comme une créature séductrice très gay friendly (le cinéaste de Batman et Robin est à la barre) métaphore du plaisir facile et condamnable... 


Finalement, qui sont ces lost boys ? Ce gamin qui ne supporte pas le divorce de ses parents, considérant son probable futur beau-père comme le Roi des Vampires ? Ces mauvais garçons du générique de début ne vivant que pour l'apparence ? Ce protagoniste, décalque dénué de substance de Jim Morisson, artiste symbolique dont l'image trône fièrement dans l'antre du Mal ? Ou encore tous ces djeuns respirant l'ambivalence sexuelle, agglutinés au sein d'un concert ultra kitsch ? La jeunesse, en perte de repères, ne croit qu’aux comics et ne répond qu'à une seule directive : « Nous nous nous battons pour la vérité, la justice et la victoire de l’Amérique ». Les kids meet Rambo III...


Génération perdue (The Lost Boys - Joel Schumacher – 1987)


Par Clément Arbrun