Club VHS : Tombstone
Tombstone (1993 - George Pan Cosmatos) Par Guillaume BaronÀ l’heure où l’on croit encore à un revival concret du western grâce à la guimauve multi-oscarisée de Kevin Costner – le, aujourd’hui difficilement supportable Danse avec les loups – plusieurs producteurs s’enfoncent dans la brèche. Andrew J.Vajna, toujours sur le qui-vive, envoie Kurt Russell et Val Kilmer sur la route de Tombstone pour leur faire rejouer la plus célèbre escarmouche du Far West, le règlement de compte à OK Corral. Petit problème : tout millionnaire et auréolé de plusieurs cartons au box-office qu’il soit (dont le récent Terminator 2), Vajna reste un maverick, un indépendant dont la force de frappe n’est pas en mesure de rivaliser avec un studio de la dimension de Warner Bros. Et la compagnie de Burbanks a justement la bonne idée, la même année, de financer un projet réalisé par Lawrence Kasdan : Wyatt Earp, avec la mega-star Costner dans le rôle-titre. À savoir un biopic de 3 heures à la gloire du shérif de Tombstone.
La production de Vajna souffrira de cette concurrence, de la mise en chantier du film à sa sortie. Par exemple, tous les costumes d’époque seront réquisitionnés par les costumiers du film de Kasdan, ne laissant que de la troisième main aux équipes de Cosmatos (d’où certainement ces étranges manteaux que porte Wyatt et ses hommes tout le long du film). Cosmatos, qui remplaça un réalisateur débutant au dernier moment, saura s’adapter pour livrer, au final, un film qui n’a rien à voir avec son concurrent. Nerveux, sanglant, Tombstone sait rester fidèle en de très nombreux points à l’histoire, sans oublier d’être très pop dans son approche du genre, notamment grâce à sa bande de méchants patibulaires emmenée par les géniaux Michael Biehn et Powers Booth. Les deux acteurs s’en donnent manifestement à cœur joie dans leur interprétation des desperados ultra-violents. Surtout Biehn et son improbable gâchette répondant au doux nom de Johnny Ringo. C’est sûr que Kasdan n’aurait jamais osé un tel nom dans son scénario plus consensuel.
Avec un matériau presque similaire (l’un est une saga-fleuve partant des origines du personnage de Earp, l’autre un film centré sur l’avant et après règlement de compte) à celui de son rival, Cosmatos remporte la palme pour son travail d’artisan old school. Le réalisateur de Cobra signe peut-être son meilleur film, une vraie série B huilée à la plus primaire testostérone. Un western ultra-badass, sublimé par le duo Russell-Kilmer, et plus généralement un casting de seconds couteaux parfait. Moins pathos et plus fun que le film avec Kevin Costner, quoi. Bon, on n’est ni chez Sergio Leone ni chez John Ford, loin s’en faut. Peu importe, l’ambition de livrer une série B coriace est atteinte. Pour un samedi soir, c’est le principal.
Tombstone (1993 - George Pan Cosmatos)
Par Guillaume Baron