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Club VHS : Zombi 2

ZOMBI 2 – L'ENFER DES ZOMBIES (Lucio Fulci, 1979) Par Julien Mazzoni
Club VHS : Zombi 2

Avant de connaître son deuxième souffle, à l'aube des années 2000, l'univers du zombie au cinéma s'était révélé à la face du monde il y a maintenant plusieurs décennies. Après avoir pondu le pionnier La Nuit des Morts-Vivants en 1968, George Romero enfonça le clou dix ans après avec sa cultissime satire de la société de consommation, Dawn of the Dead, aussi sobrement intitulé Zombie. En bon producteur qu'il est, Fabrizio De Angelis recherche un script de zombies pour surfer immédiatement sur le succès du classique de Romero. Le scénariste Dardano Saccheti, qui vient d'achever une obscure histoire de morts-vivants sur une île tropicale, est l'homme de la situation. 

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À la demande du producteur, Saccheti rallonge donc son scénario d'une introduction dans le port de New York, puis le film est renommé Zombi 2 afin de créer un lien fictif –mais purement commercial – avec le Zombie de Big George. Des pratiques peu scrupuleuses qui renvoient au mercantilisme du cinéma de genre italien d'alors, où le plagiat était monnaie courante et accouchait, le plus souvent, d'œuvres fauchées, sans aucun talent et à objectif uniquement lucratif. Oui, mais ici, l'homme derrière la caméra est Lucio Fulci, et il est loin d'être n’importe qui. Déjà à l'origine de quelques giallos à l'horreur graphique saisissante, le réalisateur va acquérir avec ce nouveau projet une reconnaissance internationale. C'est son approche noble et poétique du thème, couplée au script tribal de Saccheti, qui font de cet Enfer des Zombies une œuvre à part dans la filmographie du mort-vivant. 


En effet, plutôt que de continuer à moderniser le propos en positionnant son fléau putride en pleine société urbaine, Zombi 2 décide de se tourner vers les origines vaudou du mythe et développe ainsi une atmosphère poisseuse, oppressante et encore plus lente qu'à l'accoutumée. Ici, les zombies sont fantomatiques, délabrés et évoluent au rythme d'une bande-son lancinante, à la fois douce et tragique. Leur apparence témoigne de leur ancienneté et les superbes maquillages de Giannetto De Rossi nous permettent de contempler des êtres décharnés, terreux et complètement déshumanisés par les ravages du temps. Les fulgurances gore ne sont pas en reste et certaines d'entre elles sont longtemps restées censurées en salles, à l'image de la fameuse énucléation, action récurrente dans l'œuvre de Fulci. La joute sous-marine entre un zombie et un requin, quant à elle, est parfaitement représentative de la folie amorphe qui imprègne tout le film. C'est bien grâce à l'approche très « premier degré » du réalisateur ainsi qu'à l'élégance de sa mise en scène qu'une telle idée peut fonctionner à l'écran, malgré son aspect loufoque qui aurait pu la rendre hautement grotesque. Baroque, classieux, atmosphérique... Ce Zombi 2 qui fut initialement conçu comme un énième produit opportuniste s'est imposé au fil des années comme une référence du genre, autant pour sa violence extrêmement crue que pour son tempo envoûtant.

Une singularité à ne pas manquer.


ZOMBI 2 – L'ENFER DES ZOMBIES

(Lucio Fulci, 1979)


Par Julien Mazzoni