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Club VHS : The Texas Chainsaw Massacre 2

The Texas Chainsaw Massacre 2 (Massacre à la tronçonneuse 2, Tobe Hooper, 1986) Par Julien Mazzoni
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1986. La coke a remplacé le LSD.


Ces quelques mots pourraient suffire à résumer le rapport de Massacre à la tronçonneuse 2 à son auguste prédécesseur. Là où Massacre à la tronçonneuse, premier du nom, se présentait sous la forme d'un bad trip lysergique, malsain et glauque, dans les recoins déliquescents de l'Amérique profonde, le deuxième épisode ressemble plutôt à un cartoon gore tout droit sorti d'un cerveau saturé de cocaïne.


À la sortie du film, le réalisateur Tobe Hooper a prétendu être enfin parvenu à exprimer correctement l'humour noir qu'il voulait injecter dans le premier épisode. On se permettra de douter de sa parole – quarante ans après sa sortie, Massacre à la tronçonneuse ne fait toujours rire personne – et d'y voir une tentative de justifier son film auprès d'un public qui s'attendait à retrouver enfin le réalisateur d'un des meilleurs films d'horreur de tous les temps.


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Il faut dire qu'en 1986, Tobe Hooper apparaît de plus en plus comme un one hit wonder. Suite au premier Massacre à la tronçonneuse, il a enchaîné deux films plutôt décevants (Le Crocodile de la mort, Massacres dans le train fantôme) avant de servir de yes man, si ce n'est d'homme de paille, à Steven Spielberg sur Poltergeist. Suite au succès du film qui doit bien plus au réalisateur d’E.T. qu'à celui du Crocodile de la mort, la Cannon embauche Hopper en espérant que celui-ci réalise un film d'extraterrestre qui rivalise avec ceux de Spielberg. Malgré la présence de Dan O'Bannon (Alien, Heavy Metal) au scénario, Lifeforce et son histoire de vampires venus de l'espace est un bide désastreux pour une société comme la Cannon.


Hopper, qui a signé avec le studio un contrat pour trois films, se résout donc à capitaliser sur le prestige de son seul et unique succès véritable.


Pas question pour autant de refaire un film aussi extrême que le premier Massacre à la tronçonneuse. S'il s'agit d'attirer les fans de l'original, il ne faudrait pas non plus repousser le teenager qui veut s'éclater en bâfrant du pop-corn. On pourrait alors voir Massacre à la tronçonneuse 2 comme le rejeton méprisable d'un réalisateur opportuniste, mais ce serait passer à côté d'un film qui a les qualités de ses défauts. En voulant racoler à la fois une audience avide de gore et de fun et le public du premier film, Tobe Hopper mélange les genres et en fait trop.


Les laudateurs de l'œuvre originale y ont vu des références au Viêt Nam ? Hooper invente un nouveau frangin à Leatherface, un vétéran du Viêt Nam incarné par Bill Moseley en totale roue libre. Pour faire bonne mesure, il rajoute même une référence à Docteur Folamour dans le « salon » de la famille cannibale. Les jeunes aiment le gore ? Hooper fait appel au grand Tom Savini pour signer quelques scènes superbement sanguinolentes. Les jeunes aiment le fun ? Leatherface et sa famille ressemblent aux cannibales du premier opus qui aurait été réinventé par un Tex Avery sous coke. Et si les puristes s'offusquent de voir une œuvre culte ainsi désacralisée, tant pis pour eux. Massacre à la tronçonneuse 2 reste un film tellement régressif qu'il en devient fascinant. Rien que pour ça, on est content qu'il existe !


The Texas Chainsaw Massacre 2 (Massacre à la tronçonneuse 2, Tobe Hooper, 1986)


Par Julien Mazzoni