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Elric, le loup blanc

Michael Moorcock fait parti de ces auteurs qui ont marqué toute une génération de kids abreuvés de littérature fantastique, dégainant les dés de 6 aussi bien qu’une épée tranchante devant un dragon à deux têtes.
Elric, le loup blanc

Michael Moorcock fait parti de ces auteurs qui ont marqué toute une génération de kids abreuvés de littérature fantastique, dégainant les dés de 6 aussi bien qu’une épée tranchante devant un dragon à deux têtes.


Si l’auteur prolifique est aussi connu et révéré, ce n’est pas tant pour sa « Quête d’Erekosë » ou ses « Livres de Corum », que pour sa « Légende de Hawkmoon » et surtout son « Cycle d’Elric ». Coïncidence ? Ces deux dernières sagas furent adaptées en jeux de rôle qui rythmèrent une bonne partie de ma vie. Impossible de dire à quel point Moorcock est au auteur majeur, mais il est celui de geeks des 80’s qui lui ont voué une dévotion sans limite grâce aux aventures du Prince de Melniboné.


Si nombre d’adaptations ont eu lieu (on a même parlé un temps, d’une saga cinématographique), la plupart étaient de bien piètre qualité, ce qui n’est fort heureusement pas le cas de cette bd, faite à quatre mains par des frenchies qui ont eu à cœur de d’adapter l’œuvre originale. La sortie du troisième opus d’Elric est l’occasion de s’appesantir quelques instants sur un fragment du multivers mis en place par l’auteur britannique dans les années 60.


Le projet du scénariste Julien Blondel a été de transposer dans un premier temps le premier livre de la saga : « Elric des Dragons », le tout aidé par de solides compagnons de route qui se sont occupés quand à eux, de la partie graphique. Robin Recht, Didier Poli et Julien Tello ont fait un travail de titan pour rendre palpable l’univers du « loup blanc ».

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"Elric" est un prince Melnibonéen, une race supérieure née pour la guerre et le chaos. Né d'un roi sanguinaire, Elric arrive au monde albinos, faible et malingre, tuant sa mère en couche. Très rapidement il monte sur le trône de rubis, prédestiné à détruire son peuple et son royaume. De manigances en trahisons, Elric va devoir secourir son aimée Cymoril et faire face à son cousin Yyrkoon cherchant à monter sur le trône. Si le premier opus nous montre la décadence du royaume de Melniboné, la suite va nous faire découvrir le reste du monde à travers une traque homérique où le danger rode et où les dieux se jouent des hommes. 


A l’instar des récits antiques, le périple débute par un « appel à l’aventure » où notre héros va devoir affronter des obstacles pour se transcender. Un chemin classique digne du « Héros aux mille et un visages » de Joseph Campell, à la différence près que notre protagoniste n’a rien du preux chevalier en armure. Elric est un monarque implacable, malicieux et parfois cruel comme la plupart des représentants de sa race. Un héros atypique pour une adaptation surprenante, car si les deux premiers volumes respectent à la lettre le matériau originel, le troisième opus se révèle parfois surprenant. Lors de son exil dans les jeunes royaumes, Elric va rencontrer le pirate Smiorgan, ouvrir la porte pourpre et rencontrer Safix. Cet ancien monarque de Melniboné, maudit par les dieux du chaos, dérive entre les dimensions dans d’une version corrompue d’Imrryr, la citée des rois. Le récit du « loup blanc », tout droit sorti des pages du troisième opus de la saga d’Elric « Navigateur sur les mers du destin », nous en apprend plus sur la psyché du héros, sur les origines de son peuple, mais surtout la façon dont il doit gérer la soif dévorante de l’épée « Stormbringer », la voleuse d’âme, cadeau d’Arioch à Elric.

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Les planches de Poli, Bastide et Recht sont tout simplement magnifiques et illustrent la grandeur qu'on peut lire chez Moorcock. Ce souffle épique qu’on peut éprouver en lisant les romans est reproduit à la perfection. Les auteurs parviennent à retranscrire sur le papier la splendeur du trône de rubis, la terreur qu’inspirent les trirèmes melnibonnéennes ou la toute puissance d'Arioch. 

Le design utilisé semble s’inspirer à la fois des covers artistes de l’époque comme Michael Whelan, aussi bien que d’un univers morbide à la Clive Barker, ce qui colle parfaitement à la vision que l'on peut avoir en lisant Moorcock. 

Le scénario de Blondel réussit à résumer sans entacher la lecture. Il garde tout ce qui fait le piment de la série, le synthétise pour n'en garder que la substance. 


"Elric" publié chez Glénat, est simplement la meilleure adaptation des romans de Moorcock. La saga illustre un destin tragique, la grandeur et la décadence d'un empire, des mythes et légendes ; bref vous l'aurez compris, ces trois premiers tomes sont a découvrir au plus vite au même titre de les romans éponymes.


Christophe BALME 


« Elric » en bd est disponible aux éditions Glénat.