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John Carpenter : thèmes perdus et autres Things lors de son passage à Paris

Le Parisien qui passe devant le Grand Rex ce mercredi 9 novembre n’aura pas de mal à deviner qu’un événement important s’y déroule ce soir, vu le nombre impressionnant de geeks, de freaks et de vieux garçons...
John Carpenter : thèmes perdus et autres Things lors de son passage à Paris

Le Parisien qui passe devant le Grand Rex ce mercredi 9 novembre n’aura pas de mal à deviner qu’un événement important s’y déroule ce soir, vu le nombre impressionnant de geeks, de freaks et de vieux garçons aux odeurs corporelles douteuses qui se presse devant l’entrée. Et de fait, un concert de John « Master Of Horror » Carpenter n’est pas une mince affaire. Dans le lobby de la salle aux 2800 fauteuils, un stand de merchandising vend tee-shirts, posters et disques du Maître, faisant passer le vinyle de Lost Themes II de 30 à 60 euros par le simple ajout d’un gribouillis dédicacé de Carpenter. Quand on aime, hein… 


C’est à 21h pile que débute le show. Carpenter débarque, tel un Snake Plissken sexagénaire, avec ses cheveux plus sel que poivre, son catogan et son band, en formation classic rock avec guitare, basse, batterie et claviers électroniques. Durant 75 minutes, accompagnés par Carpenter au synthé et devant un triple écran diffusant les extraits des films dont les musiques sont extraites, ils vont donner vie aux BO des films les plus fameux du réalisateur culte.


Ça attaque fort dès le premier titre avec New York 1997, petit chef-d’œuvre de série B des eighties qui démarrait avec un avion percutant les Twin Towers… Hélas en infographie sur un écran style jeu vidéo vintage, pour cause de budget, mais c’était quand même visionnaire. L’ambiance est dark, le son puissant, Carpenter a l’air de beaucoup s’amuser.


Il enchaine en augmentant la pression avec Assault On Precinct 13, dont le thème aux lourdes basses et aux claviers menaçants fut notamment samplé par Afrika Bambaataa. Un petit laïus de John nous rappelle qu’il a réalisé des films de genre dans tous les genres : science-fiction, slasher movie, thrillers, histoires de fantômes… Et justement, c’est Fog qui suit, avec là aussi des tempos bien plombés et des images de zombies sépulcraux, comme un Pirates Des Caraïbes sans licence Disney mais avec encore plus d’hémoglobine sur les revenants que de mascara sur le visage de Johnny Depp.

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Il enchaine en augmentant la pression avec Assault On Precinct 13, dont le thème aux lourdes basses et aux claviers menaçants fut notamment samplé par Afrika Bambaataa. Un petit laïus de John nous rappelle qu’il a réalisé des films de genre dans tous les genres : science-fiction, slasher movie, thrillers, histoires de fantômes… Et justement, c’est Fog qui suit, avec là aussi des tempos bien plombés et des images de zombies sépulcraux, comme un Pirates Des Caraïbes sans licence Disney mais avec encore plus d’hémoglobine sur les revenants que de mascara sur le visage de Johnny Depp.


La suite mérite un éclaircissement. Carpenter dit ceci : « En 1982, j’ai réalisé The Thing, avec une musique d’Ennio Morricone. Nous allons en interpréter le thème principal en son honneur ». Ce que Carpenter ne dit pas, c’est qu’il a effectivement commandé un score au génie de la BO mondiale, qui lui a livré des musiques orchestrales richement arrangées… Dont Carpenter n’a gardé que les trames, ôtant les violons et ajoutant les nappes de synthé qui sont sa signature, sûrement pour des raisons monétaires (car il devenait de fait coauteur de la BO). Morricone, patient, attendit plus de trente ans pour ressortir les musiques originales écrites pour The Thing… En les refilant à Quentin Tarantino pour la musique de son western The Hateful Eight, obtenant du coup son premier Oscar à l’âge de 88 ans ! Voilà qui explique (un peu) pourquoi certaines scènes du western gore de Quentin évoquent des scènes de The Thing, comme Rockyrama vous l’avait expliqué récemment. Sacré potage à Hollywood.


John joue aussi quelques musiques tirées de ses deux albums Lost Themes, et n’oublie pas certains de ses films moins connus, comme Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin (Big Trouble In Little China), échec commercial mais rigolo pastiche des films d’action fifties, avec l’inoubliable scène du méchant qui perd ses deux oreilles quand sa tête traverse les barreaux de la cellule où était emprisonné le héros joué par Kurt Russell. On fait un détour par Invasion Los Angeles alias They Live, et Halloween a droit à une présentation mégalo totalement justifiée : « J’adore les films d’horreur, et celui-ci vivra pour toujours ». Revoir Michael Myers poursuivre Jamie Lee Curtis est un plaisir toujours renouvelé, surtout au son des séquences électro anxiogènes de son réalisateur/compositeur qui font taper des mains les fans en transe. L’Antre De La Folie promet l’enfer électrique. Un gros geek chauve se lève et agite frénétiquement son poing en l’air avant de se rassoir, et reproduira ce rituel à intervalles réguliers.


Il est 21h58 quand Carpenter et son band quittent la scène, pour vite revenir sous les applaudissements, qui redoublent quand il balance un « Fuck Trump ! » démago mais si bon à entendre. En rappel, on a droit à Prince Of Darkness, un autre extrait des Lost Themes (« Virtual Survivor »), une balade au piano et, après de chaleureux remerciements, une annonce de Carpenter incitant le public à « conduire prudemment, car Christine rôde sur les routes ! » Et contre toute attente, c’est donc le thème du thriller fantastique et automobile Christine qui conclut, à 22h16, cette soirée placée sous le signe de l’électronique menaçante et du film de genre. Merci d’être venu, John.


Olivier Cachin