Superbad : cette excellente comédie écrite par Seth Rogen et Evan Goldberg
En plus de réunir les comédiens les plus talentueux de leur génération, le film évoque avec justesse les maladresses de l'adolescence et l’angoisse de la séparation post-lycéenne, tout en livrant une formidable leçon d'amitié. Tous ces éléments fontJ'en ai toujours un peu voulu aux films américains – et plus généralement à la pop culture – pour nous avoir tous fait rêver d'une vie lycéenne faite de campus verdoyants, de soirées d'intégration déchaînées et d'activités extra-scolaires épanouissantes.
À la place, j'ai vécu des années placées sous le signe de la couleur marron, des préfabriqués tristes et des séances interminables d'EPS – et c'était très bien quand même. Mais beaucoup d'élèves semblaient partager cette même obsession fantaisiste, comme en ont attesté les témoignages de l'époque que j'ai recueillis en ma qualité de déléguée populiste. Les filles de ma classe, visiblement sensibles à la filmographie de John Hugues et d'Amy Heckerling, ont voulu que je soumette au principal l'idée d'organiser un bal de promotion en fin d’année. Peut-être que dans une autre vie, elles auraient toutes fait partie d'une clique de pom-pom girls extrêmement populaires aux casiers remplis de photos de Leonardo DiCaprio et dont l'obtention du diplôme aurait tenu au simple fait que les cours de cuisine comptent comme une vraie matière. Peut-être que des garçons respectables auraient accepté de leur accrocher une fleur au poignet avant de les emmener danser sur Never tear us apart d'INXS. On ne saura jamais vraiment, mais j'avoue être assez soulagée de ne trouver aucun de ces éléments dans Superbad.
Cette excellente comédie écrite par Seth Rogen et Evan Goldberg se contente de traiter d'un problème universel outrepassant les barrières de l'Atlantique : le besoin irrépressible de piner quelqu'un avant la terminale pour affronter sereinement la vie universitaire et ses promesses de fêtes arrosées, d'emplois du temps flexibles et de filles faciles. Superbad raconte l'histoire de Seth (Jonah Hill), un lycéen dont la plus grande infortune est d'avoir une vie sexuelle qu’il juge comparable à la filmographie irrégulière d'Orson Welles. Accompagné de ses meilleurs amis Evan (Michael Cera) et Fogell (Christopher Mintz-Plasse), il se trouve investi d'un lourd sacerdoce : fournir de l'alcool pour la soirée de sa nouvelle cible, Jules (Emma Stone). Leur unique stratégie repose sur un gilet sans manche et la fausse carte d'identité d'un donneur d'organes hawaïen de 25 ans qui porte le nom d'un chanteur de R&B irlandais. Sans surprise, la tâche s’avère particulièrement difficile.
En plus de réunir les comédiens les plus talentueux de leur génération, le film évoque avec justesse les maladresses de l'adolescence et l’angoisse de la séparation post-lycéenne, tout en livrant une formidable leçon d'amitié. Tous ces éléments font de Superbad un des plus grands piliers de l’humour fondé sur les pénis turgescents.
Julie Le Baron