« Vertical » : entre ciel et terre
Alors que le 18ème et dernier tome du manga « Vertical » pointe le bout de son nez en France. Il était temps pour nous de revenir sur cette petite saveur glacée venue du pays du soleil levant.Alors que le 18ème et dernier tome du manga « Vertical » pointe le bout de son nez en France. Il était temps pour nous de revenir sur cette petite saveur glacée venue du pays du soleil levant.
Shinichi Ishizuka n’a pas été auteur de manga toute sa vie, il a commencé par faire des études de météorologie aux États Unis, mais surtout à faire beaucoup, beaucoup d’escalade. Un peu à la façon de son héros « Sampo », il a tout plaqué pour vivre de sa passion. Ne voulant pas choisir entre le dessin et la montagne qu’il affectionne particulièrement, il s’est lancé en 2001 dans la rédaction de « Gaku Minna no Yama » (« Vertical »), un Seinen pour le moins époustouflant.
Sampo est secouriste volontaire. Simple et d’humeur joyeuse, il traverse les Alpes japonaises et les montagnes du monde entier a la recherche de nouveaux défis. Mais ce qui compte avant tout pour notre héros, c’est d’aider son prochain et de transmettre cette passion qui l’habite. Dans de courtes histoires, Sampo va secourir des grimpeurs inconscients des dangers omniprésents, mais surtout montrer sa vision du monde et nous faire partager son amour de la montagne.
Si « Vertical » nous fait vibrer, c’est parce qu’il ne nous parle pas simplement d’alpinisme. Le manga de Shinichi Ishizuka traite de liberté, de dépassement de soi et d’abnégation. Il tisse un fil où s’entremêlent drames et amitiés, qui en un froissement de pages peu nous faire passer du rire au larmes. « Vertical » s’imprègne de la vie du mangaka, alpiniste chevronné, qui parvient aux travers d’anecdotes, à nous faire vivre la montagne. Sampo escalade les sommets simplement parce qu’ils sont là, non par mépris du danger ou pour quelconque gratification, mais parce qu’ils le rendent libre. C’est cette sincérité du héros face à la nature qui lui fait oublier la peine et la souffrance et qui rend tangible cette passion aux yeux du lecteur.
C’est en suivant Sampo à travers des paysages enneigés, que nous allons découvrir un jargon et des techniques empruntent à ceux qui vivent en haut des cimes. Pour autant, « Vertical » n’est pas un manga didactique, c’est même tout le contraire, mais le fait d’avoir ce vernis d’authenticité donne au narrateur le matériau nécessaire permettant une immersion totale dans un univers cohérent.
Malgré tout, ce qui fait l’attrait principal de « Vertical » c’est bien l’émotion que son auteur arrive à insuffler dans chaque page. C’est ce mélange de tranches de vie très simples et d’aventure qui ont permis à Ishizuka de remporter un franc succès au Japon. C’est aussi le dessin de l’artiste, autant à l’aise avec les paysages que les expressions corporelles, qui en font une œuvre qui compte. Un trait et un découpage assez similaires à ceux du maitre Naoki Urasawa (« 20th Century Boys », « Monster »), mais avec une langueur et une émotion dans la veine d’un Taniguchi, une comparaison des plus flatteuses vous en conviendrez.
Passé un peu sous les radars en Occident, « Vertical » est une œuvre qu’il convient de réhabiliter. Inutile d’être un amoureux de la montagne ou de l’alpinisme en général pour apprécier ce manga qui reste d’une extrême justesse pendant les 18 tomes qui le composent. A noter que le 17ème et avant dernier opus vient de sortir, il ne reste plus à présent qu’à espérer que nous puissions bientôt découvrir « Blue Giant », le manga de Jazz très prometteur de Shinichi Ishizuka.
Christophe BALME
« Vertical » est disponible aux éditions Glénat.