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15 jours à la maison, 15 films : The Devil’s Rejects

La vie est ainsi faite : nous devons toutes et tous, pour la sécurité de chacun, rester à la maison pendant quinze jours, au moins. Quinze jours, quinze films, à voir ou à revoir.
15 jours à la maison, 15 films : The Devil’s Rejects

The Devil’s Rejects (2005 – Rob Zombie)


En 2005, lorsque sort The Devil’s Rejects, personne ne s’attend à une telle rafale de shotgun dans le bide. Le premier long de Rob Zombie, le cartoonesque et grand-guignol House Of 1000 Corpses, ne laissait pas vraiment présager une suite aussi vénère. Objet culte instantané, réalisé dans un style rétro ultra-70’s, The Devil’s Rejects est un film de cramé. Une ode aux anti-héros, à la fois western sanglant, road movie halluciné, revenge-flick et survival racé. Une folie tournée en trente jours infernaux, sous le soleil du désert californien.


Tout comme le Rob Zombie chanteur, qui se démaquillera entièrement sur la pochette de son troisième album et livrera un rock moins carnavalesque, le Rob Zombie réalisateur délaisse l’aspect foutraque de House of 1000 Corpses et propose avec The Devil’s Rejects un spectacle brutal, cru et incisif. Ces charmantes intentions sont affichées dès la scène d’ouverture, une descente de flics sur la baraque branlante de la famille Firefly engendrant une fusillade que n’aurait pas reniée Sam Peckinpah. Ça sent le sable et la poudre, le sang séché et le tabac froid. Le reste du film est à l’avenant. Fuite en avant d’une famille de tueurs poursuivie par un shérif cinglé assoiffé de vengeance, The Devil’s Rejects se rapproche autant du cinéma de genre des années soixante-dix par son aspect sec et malsain, que de celui de Quentin Tarantino, via la citation ludique et permanente de ses influences. Autre point commun avec Tarantino : la quantité de dialogue, que Zombie peaufine afin d’apporter profondeur et bagout à des personnages géniaux qui n’attendaient plus que des punchlines à leur hauteur. « Bah alors gamin, t’aimes pas les clowns ? On t’fait pas marrer ? On est pourtant marrant, putain, non ? Tu ferais mieux d’avoir une excuse parce que je vais revenir vous voir, ta mère et toi... Et si t’as pas une bonne raison de pas aimer les clowns, je vais te buter, toi et toute ta putain de famille ! » Captain fucking Spaulding. Calmement.


L’une des réussites de The Devil’s Rejects, c’est d’avoir chopé le juste milieu entre la violence de l’histoire et le fun des personnages. Contrairement à un film comme Straw Dogs de Peckinpah, qui ne laisse jamais retomber la pression, Zombie se permet pas mal d’incartades comiques. Ces moments, loin d’entamer l’impact du film, lui confèrent une atmosphère survoltée et imprévisible qui, à la première vision, prend constamment le spectateur de court. En fait, ce film, c’est le rejeton dégénéré de Texas Chainsaw Massacre de Hooper et de Natural Born Killers. La violence viscérale et l’aridité de l’un, couplées à l’esprit exalté et sexy de l’autre.


Bon, contrairement à ce qu’on espérait, The Devil’s Rejects n’a pas relancé de mode dans le cinéma de genre. À part quelques tentatives comme Wolf Creek, survival de Greg McLean sorti quelques mois plus tard, difficile de percevoir un mouvement initié par le film de Rob Zombie. Dix ans plus tard, The Devil’s Rejects n’apparaît plus comme le renouveau, mais plutôt comme le dernier avatar d’un genre qu’on croyait mort et enterré. À mater par un brûlant soir d’été, juste après La Horde sauvage.


Joe Hume


Article initialement paru dans le HS Rockyrama Videoclub disponible ICI.



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