Created by Richard Schumannfrom the Noun Projecteclair_rocky
Design, Article & Cream
superstylo

15 jours à la maison, 15 films : Jaws 2 

La vie est ainsi faite : nous devons toutes et tous, pour la sécurité de chacun, rester à la maison pendant quinze jours, au moins. Quinze jours, quinze films, à voir ou à revoir.
15 jours à la maison, 15 films : Jaws 2 

Jeannot Szwarc. Voilà un nom de réalisateur qui ne fait pas résonner la fibre nostalgique de grand monde. Français né à Paris, réalisateur de films mémorables tels La Vengeance d’une blonde avec Christian Clavier et Marie-Anne Chazel, Szwarc a surtout signé un paquet d’épisodes de séries télé, de Kojak à Smallville en passant par Columbo, Heroes, Fringe et Grey’s Anatomy. De là à dire que notre Jeannot national a raté sa carrière ciné, il n’y a qu’un pas que nous franchirons allègrement. Pourtant, en 1978, il se voit confier les rênes de la suite du Jaws de Steven Spielberg, un projet sous haute tension.


Lorsque Jeannot Szwarc débarque sur le tournage, tout est en stand-by suite au remerciement de John D. Hancock, réalisateur inexpérimenté, pris dans un conflit d’intérêts entre producteurs. Il est un temps question de tout reprendre à zéro avec un nouveau film de Spielberg. Le sujet : la terrible histoire vraie de l’USS Indianapolis, contée dans un monologue glaçant par Quint dans le premier film. Le projet est abandonné pour des raisons de planning et demeure le fantasme ultime de nombreux cinéphiles. La production de Jaws 2 reprend donc sur la base entamée durant l’été par Hancock. Les exécutifs profiteront néanmoins du changement de réalisateur pour adoucir le propos du film qui incluait au départ une sous-intrigue mafieuse.


Le film est achevé et sort en juin 1978, « juste au moment où les gens pensaient qu’il était safe de retourner se baigner » (une des meilleures taglines de tous les temps). Si les recettes de Jaws 2 (alors le film le plus cher produit par Universal) n’atteignent clairement pas celles du premier épisode, elles en font néanmoins la suite la plus rentable de l’histoire. Un record mis KO par Rocky 2, sorti un an plus tard. Mais le résultat est-il à la hauteur du mythe ? La réponse est non. Ça ne l’empêche pas d’être un très bon divertissement, fun et réservant son lot de scènes-chocs : l’ouverture en plongée dans l’épave de l’Orca, le développement des photos sous-marines par un Brody névrosé, ou encore la séquence de l’hélicoptère, qui aura demandé quatre jours de tournage à elle seule. Quant au requin, s’il souffre de sa surexposition à l’écran, son aspect est réussi. Il aurait de toute façon été difficile de jouer la carte de la suggestion après que Spielberg s’en soit si admirablement servi. Le squale s’offre même un look badass à souhait après une scène d’explosion le transformant en cousin nageur de Freddy Krueger (un clin d’œil à la saga Jaws se glissera d’ailleurs dans le Nightmare On Elm Street 4). Stylé.


Jeannot Szwarc a eu l’intelligence de livrer un bon travail d’artisan sans tenter de se hisser au niveau de son prédécesseur. Grand bien lui en a pris, car il serait tombé de haut s’il avait pensé une seconde pouvoir rivaliser avec la perfection du film de Spielberg. Une fois sa mission accomplie, il s’en ira réaliser de petits films oubliés ainsi que Supergirl, spin-off inégal et attachant de la saga Superman, souffrant tout comme Jaws 2 d’un héritage inégalable.


Joe Hume


Article initialement paru dans le HS Rockyrama Videoclub disponible ICI.



15-jours-de-confinement-15-films-jaws-2