Created by Richard Schumannfrom the Noun Projecteclair_rocky
Design, Article & Cream
superstylo

TEKI AND NICK’S MIXTAPE QUEST ADVENTURE : Faire Ses Games

D’un côté, l’un des artistes les plus talentueux de sa génération, mais également de celle d’avant. De l’autre, l’un des plus grands obsédés vidéoludiques, intense passionné de cartouches et de manettes. Lui, c’est Teki Latex. Et lui, c’est Nick Dwye
TEKI AND NICK’S MIXTAPE QUEST ADVENTURE : Faire Ses Games

D’un côté, l’un des artistes les plus talentueux de sa génération, mais également de celle d’avant. De l’autre, l’un des plus grands obsédés vidéoludiques, intense passionné de cartouches et de manettes. Lui, c’est Teki Latex. Et lui, c’est Nick Dwyer.


Et ensemble, ils sont les auteurs d’une mixtape, intitulée Teki And Nick Mixtape Quest Adventure, et réunissant des musiques des plus grands jeux des années 1980 et 1990, de Castlevania, à Final Fantasy et Pokémon, mais aussi des a capella de Outkast, de Dizzee Rascal… Une collaboration à leur image, joueuse et curieuse. Le mélange parfait des envies de Teki Latex donc, hier TTC, aujourd’hui curateur de Boiler Room France, fondateur du label Sound Pellegrino et depuis peu résident de BBC Radio One, l’une des stations de radio majeures d’Angleterre, et de Nick Dwyer, le papa de Diggin’ In The Carts. Entretien croisé.


Et Mixtape en écoute ICI.



teki-and-nicks-mixtape-quest-adventure-faire-ses-games

Teki Latex : “on s'était croisés sans vraiment faire connaissance mais j'admirais le travail de Nick et sa docu-série Diggin' in the Carts. Un jour j'écoutais son podcast avec Mumdance en invité et je me suis dit "hey je veux bien faire la liste de mes dix morceaux de jeux vidéo préférés moi aussi! j'ai des choses à dire!" alors j'ai envoyé un tweet comme une bouteille à la mer et Nick m'a invité sur le podcast en question. Puis lorsque Nick a eu l'opportunité d'exporter sa soirée Diggin In The Carts au Redbull festival à Paris avec Kode9, Yuzo Koshiro, Krampf et OK Lou, il m'a invité à venir mixer en b2b avec lui.  on s'est donc rencontrés formellement en septembre 2018 à cette occasion et immédiatement, le courant est tellement bien passé qu'on a décidé de bosser sur une mixtape ensemble”.

 

Nick Dwyer: “au milieu des années 2000, j’avais un show sur MTV, et je passais souvent le clip de Travailler de TTC, et je me souviens que sur leurs premiers albums, j’entendais des titres qui semblaient sampler des musiques de jeux. Bref, douze années plus tard, je rencontre Teki, je savais très bien qui il était, et je me disais que cette rencontre devait avoir lieu. On a joué ensemble, et je savais que c’était le début d’un truc magique”.


Vous saviez dès le début quelle forme prendrait cette collaboration ?


Teki : “je suis un habitué du format mixtape mais j'ai l'habitude de tout faire tout seul. C'est en discutant des nuits entières avec Nick (puisqu'il habite au Japon) qu'on est tombé d'accord sur ce qu'on allait mettre dans cette mixtape et sur le procédé d'enregistrement, un peu chacun de son côté mais en terminant chacun les "sections" de l'autre. Il y a deux personnes qui m'appellent encore au téléphone dans ma vie: mon père et Nick Dwyer”.


Nick : “j’ai mis du temps comprendre ce que ça allait donner, car ça n’avait jamais vraiment été fait, une mixtape de musiques de jeux vidéo. J’ai bossé dans des boutiques de disques, et j’étais fan des tapes de Green Lantern ou DJ Drama. Et certaines de mes sorties préférées étaient des choses comme Piracy Fund Terrorism et cette mixtape de The Very Best pour Radioclit. Donc pour moi, une mixtape était quelque chose de spécial, avec des exclusivités, un certain savoir-faire. Petit à petit, pendant un an, on a chacun bossé dans notre coin avant de partager nos idées. Le résultat final allait sonner, forcément, comme deux joueurs face à face, avec chacun ses particularités, ses stats et ses “finishing moves”. Mais je suis très heureux car finalement, cette mixtape, c’est une aventure à défilement horizontal dans un format mixtape, avec deux personnages 16 bits qui évoluent dans des zones en Technicolor”.


Une bonne musique de jeu, c’est quoi ?


Teki : “pour moi c'est surtout la mélodie et le minimalisme des morceaux, il ne faut pas que ce soit trop chargé, il faut que ça évoque l'espoir tout en étant mélancolique, il faut que ça donne envie d'avancer dans le jeu vidéo de la vie”.


Nick : “oh mec c’est une question bien trop difficile. Je ne pourrais pas te répondre que c’est une bonne mélodie, personnellement, car certaines musiques sur Super Famicom sont juste des espèces de marécages atmosphériques dénués de toute mélodie, et pourtant elles me rendent fou. Ce que j’aime dans une musique de jeu, c’est quand non seulement le compositeur y met son coeur et sa passion, mais également quantité d’influences diverses. J’aime cette richesse, qu’on ne décelait même pas quand on était gosses. Comme Yuzo Koshiro allant dans les clubs de Tokyo et tenant de reproduire la techno de Detroit sur une puce audio de Mega Drive. Ou Hip Tanaka se demandant comment imiter Sly et Robbie sur la Famicom. C’est le genre de trucs que j’aime. Regarde un mec comme Koji Kondo, le compositeur de Mario et Zelda. Il a pu entrevoir un futur dans lequel la musique de jeux vidéo serait de la “vraie musique”, alors il a étudié la musique folk et les instruments traditionnels. On a donc du banjo quand on se fraie un chemin au travers du Royaume des Champignons. C’est le genre d’histoire auxquelles je ne prêtais pas attention quand j’étais jeune, mais je pouvais percevoir ce coeur, cette passion, en étant gamin”.


teki-and-nicks-mixtape-quest-adventure-faire-ses-games

Vous vous souvenez de la première fois que vous avez réellement fait attention à une musique de jeux vidéo ?


Teki : “Pour moi c'est absolument Goonies II sur NES. J'étais obsédé par le thème du premier niveau. J'allumais ma console juste pour entendre la musique, et je passais des heures à tenter de la reproduire sur mon "orgue électronique" foireux. Des années après j'ai capté en finissant par voir le film Goonies qu'il s'agissait d'une interprétation du fabuleux "Goonies R Good Enough" de Cindy Lauper. J'aime les deux versions mais dans mon cerveau c'est la version 8 bits qui est l'originale. C'est une mélodie qui me suivra toute ma vie. Je l'écoute et je pleure”.


Nick : “J’avais sept ans et j'avais ce jeu sur Commodore 64 qui s’appelait The Last Ninja, qui est également la raison pour laquelle j’ai commencé à nourrir une obsession pour le Japon. La musique était super sombre, épique, cinématographique en fait. J’avais enregistré cette musique sur le lecteur cassette de mon frère et je l’écoutais en m’endormant. C’est réellement la chanson qui a concrétisé ma passion”.


Un jeu qui vous définit en temps que gamer ?


Teki : “Puyo Puyo, le seul jeu auquel je suis véritablement bon”.


Nick : “Mec, un seul ? Je ne sais pas, peut-être la première fois que j’ai eu le droit d’aller dans une salle d’arcade et que j’ai vu et entendu Rastan Saga pour la première fois. Ou Street Fighter II, qui a changé ma vie. Ou Daytona USA, de la joie pure tout au long des années 90… Mec, tu vois, un seul ce n’est pas possible !”.


Propos recueillis par Nico Prat.

Pixel Art : http://www.takakurakazuki.com/