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CHRISTOPHE MENASSIER LUMIERE NOIRE

Depuis longtemps, Christophe Menassier est un homme confiné. Et il aime ça.
CHRISTOPHE MENASSIER LUMIERE NOIRE

Depuis longtemps, Christophe Menassier est un homme confiné. Et il aime ça. La plupart de ses journées se passant dans son home-studio, quelque part du côté du Vieux-Port de Marseille, cité ensoleillée dont il apprécie tout autant le côté ombrageux. Sa musique est à son image, lumière noire pour nuits blanches, sound-design magnétique pour produits de luxe avec, en toile de fond, un écran de cinéma où il projette ses rêves et ses envies. 


Entre ses compositions nombreuses pour l’industrie (il a fait des centaines de spots pour de grandes marques), il gère Loo & Monetti, duo trip-hop (avec sa chérie) qui propose un son électro-pop hybride et tout aussi mélancolique. Et comme l’image est toujours importante chez lui, il bricole lui-même ses clips ou s’entoure de talents singuliers pour illustrer son univers. Pablo Pinasco pour « Saturday », le dessinateur Fred Remuzat pour « Sorry » et aussi le magnifique « No More », réalisé en 2019 par le très doué Guillaume Panariello, sont autant de balises à son univers. 


En plein confinement arrive donc son premier album solo, projet de longue date, mais compagnon idéal des longues journées enfermées. The Unknown Movie, est un road-trip musical, un fantasme de cinéma condensé en quelques courtes vignettes au pouvoir d’évocation assez puissant, influencé par les ambiances de polars scandinaves ou les compositions des nouveaux maîtres du genre : le regretté Johann Johannsson, Olafur Arnalds ou Max Richter. 

Christophe M. nous en dit un peu plus.


-Comment vis-tu cette période, toi qui es une espèce de vampire cloîtré dans ton studio ? 


Oui, c’est vrai que je passe beaucoup de temps enfermé à me parler tout seul ! Cette période est étrange, c’est une inconnue, même pour les geeks dans mon genre. En temps normal, je suis enfermé avec de la vie à l’extérieur, c’est étrange à expliquer mais c’est inspirant… J’essaie alors de m’échapper entre midi et deux pour me sociabiliser… Là, c’est un nouveau rythme imposé, quand je sors, il n’y a personne et une ambiance pesante avec ces gens qui font la queue, masqués devant les alimentations. On se croirait en guerre comme dirait l’autre. En ce moment, je ressens plus le besoin de composer à la maison, entouré des miens, je trouve l’inspiration dans le cocon, du coup je compose beaucoup plus à la guitare car je n’ai pas les machines chez moi.


-Cet album, c’est une espèce de libération du coup ? 


Tous les albums sont une libération, celui-là sort dans une période inédite, je ne sais pas si c’est une bonne chose et ce n’est pas très important pour moi. J’ai énormément travaillé à sa production et il fallait que ça sorte pour passer à autre chose. Cet album est très important pour moi en termes créatifs car il me raconte, il est profond et sombre, ce que je ne suis pas forcément au quotidien …Bref, je n’ai pas vraiment de stratégie marketing derrière, donc la période importe peu.

-Avec les séries et l’arrivée de nouveaux compositeurs (cités plus haut), on a l’impression que la BOF devient plus respectée ? 


Quand tu vois les pourcentages alloués à la composition pour un film en France en comparaison de leur budget, je ne sais pas si on est dans une réelle reconnaissance. En revanche, je te rejoins complètement sur les séries, le travail des compositeurs et sound designers est de plus en plus bluffant avec des choix et des prises de risque que tu ne ressens plus au cinéma. Je viens de terminer la série « The Outsider », on pense ce qu’on veut de la série, mais le travail de compo est magnifique, toutes les ambiances sont renforcées avec des thèmes récurrents que j’ai encore en tête. Les séries ont une liberté de création que les films n’ont pas, du moins c’est mon ressenti. Les boites de production à papa doivent certainement chambouler leur manière de faire aujourd’hui pour s’adapter au nouveau monde, comme dans tous les domaines d’ailleurs. Je trouve ça positif.


-Tes compositeurs fétiches ? 


Ma référence principale est standard, c’est Ennio Morricone. J’adore énormément le travail de Philip Glass, de Jon Brion, Clint Mansell, Johann Johannsson ou Max Richter, mais aussi Gustavo Santaolalla qui me fait voyager. En France, j’aime bien Alexandre Desplat, surtout quand il travaille dans le minimalisme. Je ne suis pas un grand fan des musiques orchestrales démonstratives et bruyantes.


-5 films ou séries pour finir le confinement ? 


J’en regarde beaucoup et je les oublie vite, récemment rien qui ne m’ait scotché… Je vais plutôt te citer celles qui m’ont marquées ces derniers temps : Tchernobyl qui en plus fait résonnance avec la situation actuelle. Narcos pour l’ambiance gangsta sud américaine avec des couleurs incroyables. Sinon, les séries que j’ai surkiffé sur le long terme : Rectify, The Killing, Bron, Sharp Objects, Broadchurch, et bien sûr Breaking Bad.

Pour les films, c’est Parasite, rien vu de mieux depuis longtemps. Les 2 derniers films que j’ai vu la semaine dernière, c’est 1917, pas mal et Le cas Richard Jewell, Eastwood est pour moi un grand d’un certain cinéma minimaliste, souvent réussi. Pour l’anecdote, je viens de montrer Forrest Gump à ma fille de 11 ans, et la BO des musiques additionnelles déchire vraiment pour voyager un peu dans les 50 dernières années.


-Pourquoi faut-il découvrir ta musique ? 


Je pense qu’il faut avoir l’âme mélancolique pour l’apprécier et certainement quelques fêlures pour en être comblé.  

J’ai une copine qui m’a dit qu’elle avait commencé à l’écouter et qu’elle adorait mais qu’elle finirait de l’écouter quand elle se fera larguer ! 

www.christophemenassier.com