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Club VHS : Good Burger

Good Burger (1997 – Brian Robbins) Par Clément Arbrun
Club VHS : Good Burger

Il y a de ces films, en apparence insignifiants, mais qui en disent pourtant long sur l'époque qui les a enfantés.


Casser la croûte au Good Burger (« Bienvenue chez Good Burger, le meilleur des hamburgers, qu'est-ce qui ferait votre bonheur ? ») c'est passer un bon moment, là, tranquille, au royaume des années 90. Voyez plutôt... La renaissance de la black culture — l'ère Boyz'n the Hood n'est pas terminée – y est exploitée comme jamais, entre un prof sosie de Jules Winnfield (et la VF ne contredira personne) qui a droit au doux surnom de Shaft, un instant de danse funky et des gimmicks imparables dignes d'Arnold et Willy. 


L'équation enfantine combinant délires ronge-cerveaux parfois dignes d'un stoner movie (des hamburgers qui parlent !), jeux de mots vaseux et non-sens chaotique (chaque expression imagée est prise à la lettre), le tout masqué par le vernis du divertissement multicolore et inoffensif (un petit gros et un simplet bossent dans un fast food), caractérisent ce monde dynamique, à l'époque, qu'est Nickelodeon. Nickelodeon, dont l'une des œuvres maîtresses, à savoir Ren et Stimpy, a traumatisé à vie garnements furibards et fumeurs de bédots. Comme tout produit Nickelodeon qui se respecte, Good Burger joue volontiers sur les multiples niveaux de lecture, entre la simplicité trompeuse de l'humour gamin et les déviances de l'ado régressif. 


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Il n'y a, pour s'en convaincre, qu'à énumérer le nombre de sous-entendus sexuels, de la « saucisse » (« comment la saucisse fait-elle pour rentrer dans le maïs ? ») à la « sauce magique » tant adulée de ce bon vieux Ed. Enfin, malgré ses allures de banale black comedy à la Barbershop, cette ode au sandwich juteux rappelle de manière ludique l'état d'esprit teenage de la décennie, et plus précisément la philosophie MTV. Rien n'est fait au hasard : à l'intérieur d'une société où résonnent encore les mélodies de Green Day et de son phénoménal Dookie, il est tout à fait cohérent de voir nos comiques de service, ados (presque) comme les autres, se retrouver finalement dans un asile d'aliénés.... Dookie, dont l'un des hits, Basket Case (dont le clip a été mis en scène dans un véritable asile), captait cette adolescence à la vie foireuse, sevrée à Beavis and Butthead, se considérant tout juste bonne à être enfermée. 


Oui, Good Burger synthétise les nineties, et ce n'est pas sa bande originale qui vous dira le contraire, des The Presidents of United States of America à Warren G en passant par De La Soul. L'hystérie toujours gratuite des acteurs et le timing comique infernal ne sont pas sans rappeler l'insouciante folie d'un Bob L'éponge, série qui ne verra pourtant le jour que deux ans plus tard, et qui partage avec le film la même évidence culte. Bref, le plaisir tient à peu de choses : un gosse qui fait n'importe quoi et se révèle d'une grande intelligence, des bad guys simili-trekkies, une tarée absolument craquante (et pour cause, c'est Linda Cardellini !), et une envie irrésistible de préparer steak, cheddar et cornichons pour se faire une soirée fast film/fast food. Vite, à la Burger Mobile !


Good Burger (1997 – Brian Robbins)


Par Clément Arbrun