Club : Nightmare on Elm Street
Nightmare on Elm Street (Les Griffes de la nuit - Wes Craven – 1984) Par Joe HumeEn termes de boogeymen ultimes, tu pourras dire tout ce que tu veux, le chef c’est Freddy Krueger.
Dans Les Griffes de la nuit (Nightmare on Elm Street #lesvraissavent), le mec a tout pour lui : le style, la gueule, la tchatche et surtout l’imagination, l’inventivité, le sens du spectacle. Des qualités que se partagent ses rivaux (Michael Myers et Jason Voorhees en tête) sans qu’aucun n’atteigne ce melting pot flamboyant qui fera couler de véritables rivières de sang dans les allées sombres de l’Amérique suburb des 80’s ! Freddy fucking Krueger.
Né dans les cauchemars du réalisateur Wes Craven, projeté sur les écrans du monde entier et s’installant finalement dans nos cauchemars à nous… puis dans l’inconscient collectif. La saga Krueger compte un paquet de films de qualité variable et s’il ne doit en rester qu’un, ce sera bien entendu ce premier opus de Wes Craven, réalisé à l’époque où l’imagination du prof de philo cinéaste avait encore des trucs marrants à partager avec nous. Et il en a chié, Wes, pour faire son film. Après s’être fait les griffes sur une demi-douzaine de films (dont La Colline a des yeux et, surtout, La Dernière Maison sur la gauche) il développe un concept génial, mais pas simple à pitcher aux studios.
Cette idée de tueur qui s’invite dans les rêves des adolescents pour les zigouiller, personne n’y croit. Pas assez flippant. Les mecs n’écoutaient sûrement pas jusqu’au bout : si tu meurs dans le rêve, tu meurs dans la vraie vie. Rideau ! Et comme si ça n’était pas assez creepy, Wes Craven décide de donner un passé à son personnage principal. Parce que oui, Freddy Krueger est un revenant, mais quand il avait encore la peau douce comme un cul de bébé, son passe-temps favori c’était de tuer des enfants. Il a fini par se faire griller et revient pour se venger. Bref, le pitch est fou, mais le seul studio à prendre vraiment Wes Craven au sérieux c’est New Line Cinema, une firme qui, back in the 80’s, se concentre surtout sur la distribution et n’a produit qu’une poignée de films sans envergure.
Néanmoins, le patron Bob Shaye a du nez et signe le projet. Bien avant que New Line ne puisse ne serait-ce qu’envisager la production d’une saga de l’ampleur du Seigneur des Anneaux, son économie reposait sur les épaules calcinées du père Krueger. À tel point que la boîte est surnommée « the house that Freddy built ». Mignon. Bref, en 1984, New Line n’est pas un modèle de stabilité financière et Wes Craven, après avoir galéré à vendre son scénario, peine à tourner le long métrage. C’est grâce à une équipe dévouée et à un casting très impliqué que le réalisateur peut mener les choses à terme. Avec un budget ultra-serré et un planning tout aussi mince, le résultat final est un véritable succès collectif, porté par son créateur.
Le succès qui suit la sortie de Nightmare on Elm Street, en novembre 1984, est donc la juste récompense d’un travail bien fait. Presque un film de monstre à l’ancienne, c’est un horror movie malin, mais pas roublard (si l’on excepte son twist final exigé par Bob Shaye afin de pouvoir envisager une suite), ludique, fun et flippant qui, après 30 ans, garde toute sa saveur, en grande partie grâce à l’aura incontestable de sa tête brûlée de star. Visionné dans les bonnes conditions, Les Griffes de la nuit peut encore vous tenir éveillé un bon moment. En même temps, si tu dors, c’est mort.
Nightmare on Elm Street (Les Griffes de la nuit - Wes Craven – 1984)
Par Joe Hume