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Club VHS : Con Air

Con Air (Les Ailes de l’enfer – 1997 - Simon West) Par Guillaume Baron
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Nous vivions une époque de transition. Une ère arrivait à sa mort programmée. Un parfum de nouveau départ flottait dans les salles de cinéma. Cette approche prophétique de la situation ne saurait faire oublier que le messie se nommait alors Nicolas Cage. En 1997, l’acteur est alors le nom qui trône au sommet de la liste des comédiens qui peuvent porter sur leurs épaules un gros film d’action. Un messie qui bientôt portera des T-shirts à son effigie. Un homme qui vit sa vie et choisit les scénarios en fonction de ses caprices capillaires. Rétrospectivement, il était impossible de deviner que celui qui sortait d’un Oscar pour Leaving Las Vegas, pas exactement le genre de sujet qui vous oriente vers les flingues et la castagne, deviendrait l’archétype du nouveau héros. Successeur des Arnold, Sly et Bruce.


Comme toujours, derrière cette mutation, se cache un homme, un visionnaire. Aujourd’hui classé parmi les personnalités médiatiques les plus influentes des 20 dernières années, Jerry Bruckheimer peut s’enorgueillir d’avoir participé à la naissance de deux légendes : Michael Bay et Le Nicolas Cage 2.0 (celui d’après Oscar donc). Avec The Rock, les deux rookies (l’un pour la filmo et l’autre pour ses premiers pas dans le genre) font bifurquer le cinéma d’action vers autre chose. Bruckheimer dynamite les poncifs du genre. Ce dernier ne sera plus comme avant. 

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Les Ailes de l’enfer, c’est autre chose. C’est l’hommage rendu aux vieilles recettes par l’équipe qui change justement les règles. À l’ancienne, ce blockbuster se permet de garder ce personnage toujours en décalage avec l’action pure. Comme Cage dans The Rock, le génial John Cusack semble perdu dans cette intrigue pour gros bras. Il ne se cantonne pas à ce que Danny Manigan nomme à juste titre le « sidekick rigolo ». Ces deux personnages symbolisent le spectateur que l’on prend par la main pour le guider dans son nouvel appartement. 


C’est largement avec sa galerie de sales gueules, tous hype au moment des faits, que Con Air gagne aussi ses galons pour l’étagère des films cultes. Guidés par un Malkovich tout content de jouer, encore, les enfoirés modèles, Danny Trejo, Steve Buscemi, Ving Rhames ou Dave Chapelle se lâchent et rendent le convoi fort attachant. Simon West s’amuse à donner à ce film d’évasion dans les airs un côté colonie de vacances. Si on sait que Cage, l’ancien Ranger qui a plongé pour avoir protégé sa femme (la sauce patriotique qu’affectionne Jerry B est servie en début de festin), va sauver l’affaire, on se surprend à espérer que ce colloque de salauds puisse parvenir à ses fins.


Quinze ans plus tard, West n’a pas récidivé le tour de force avec son casting all-star des Expendables, deuxième du nom. Dommage : il avait, semble-t-il, les armes pour mener à bien sa mission. Preuve que Jerry et ses high concept détenaient le pouvoir de transformer les codes de manière définitive. Même après le départ de son double, sacrifié sur l’autel des excès des 80’s, le regretté Don Simpson. Les Ailes de l’enfer reste donc le dernier film d’action cool et décérébré offert par un studio.


Con Air (Les Ailes de l’enfer – 1997 - Simon West)


Par Guillaume Baron