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Club VHS : Police Academy

Police Academy (1988 – Hugh Wilson) Par Clément ARBRUN
Club VHS : Police Academy

Police Academy, c'est le bébé de Pat Proft, scénariste bien trop méconnu et surnommé à juste titre « le quatrième ZAZ ». Effectivement, ce féru de comique muet suit le trio depuis l'injuste échec public Police Squad !, série culte s'il en est, et, succès des frères Zucker oblige, Proft est souvent victime d'amalgames (« Hot Shots ! n’est pas un film des ZAZ. C’est mon film. À moi, Pat Proft ! Mon œuvre ! »). 


Proft s'est construit son univers burlesque par le biais du Brave New Workshop Theatre (un fameux café-théâtre où règne l'impro) tout en retenant avec ferveur les leçons du maître Mel Brooks, puisqu'il a œuvré durant les seventies en tant que scénariste pour sa série When The Things Were Rotten. Fait plus fou : en 1978 il est engagé pour écrire avec quelques collègues le script du funeste Star Wars Holiday Special ! Son travail est massacré : « Il n’y avait plus aucun rapport avec ce que nous avions écrit. C’était une putain de comédie musicale ! Bea Arthur qui chante ? Qu’est-ce que c’est que ce foutoir ?! »... Mais cette expérience malheureuse, consciemment ou non, l'encouragera à imposer quelques années plus tard sa patte atypique, avec cette académie de police carburant à l'absurde, aux coups dans la tronche et aux imbéciles heureux consacrés maîtres du monde. Car oui, Police Academy, comme beaucoup de films des Farelly Bros (jusqu'au bel hommage Les Trois Corniauds), c'est la déclaration d'amour d'un spectateur au cinéma populaire, et plus précisément à la slapstick comedy officialisée par Mack Senett et ses Keytstone Kops. 

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Les Kops en question, référence ultime pour Proft, démontrent leur totale incapacité à faire régner l'ordre au sein de sketchs irrévérencieux au timing frénétique, basés sur la douleur physique. La comédie de Proft s'inspire de ces versions cinématographiques du clown et autres numéros de cirque, en réduisant l'humour à sa forme originelle, à savoir un chaos primaire. 


Les flingues et les bagnoles remplacent la tarte à la crème, on y sacrifie tout sur l'autel du gag. « Laurel et Hardy, W.C Fields, Buster Keaton, Chaplin, Les Petites Canailles, Bob Hope et Bing Crosby, les Marx Brothers, j’ai tout appris grâce à eux. Ils représentent ce qui fait mon cinéma : le comique visuel, l’humour stupide, les gros éclats de rire. Ce sont ces gars à qui je voulais ressembler. » Signe d'une révolution du rire, même le non-sens s'y invite généreusement : ces bruitages cocasses qui marqueront à vie Homer Simpson, ces dialogues incongrus (« Comment est-ce que tu t’appelles p’tit con ? - Euh...- P'tit con ? ») ou encore cet emploi ironique d'une musique prestigieuse contrastant avec les actions de nos losers de flics. 


Mais l'essence de Police Academy se trouve justement en cette célébration du perdant. « Des gars en uniforme qui foirent tout ce qu’ils font. Le concept, c’est ça : les perdants contre l’autorité. Une comédie d’équipe où ces perdants vont tenter de remporter la victoire. Finalement, ils font quelque chose de leur vie, et en ressortent gagnants. Hormis cet aspect, le succès est dû au burlesque, à ces gags fracassants, à ces solides situations comiques et à ces personnages. Tout simplement. » Tout simplement !


* Propos de Pat Proft initialement recueillis pour http://www.courte-focale.fr/


Police Academy (1988 – Hugh Wilson)


Clément ARBRUN