Hollywood Night : la fièvre du samedi soir
Dans l’imaginaire des jeunes adolescents français des années 90, rien ne transpire plus le cul que ces deux mots: Hollywood Night.Dans l’imaginaire des jeunes adolescents français des années 90, rien ne transpire plus le cul que ces deux mots: Hollywood Night.
Brigade de choc à Las Vegas, La tigresse sort ses griffes, Sous le charme du mal, Désir Mortel… Ces titres sont ceux de DTV ou de pilotes de 52 minutes qui auraient pu, un jour, devenir des séries. Mais non. Trop mauvais, trop bêtes, trop moches, ils n’obtiendront jamais les honneurs d’une case horaire régulière. Mais en 1993, un mec important et ambitieux qu’on imagine looké comme Patrick Timsit dans Un Indien Dans La Ville, a une idée: faire bander les adolescents crétins de la France entière. Pas besoin de beaucoup, les stars de l’époque se nomment Tiffani Thiessen, Shana Tweed, Anna Nicole-Smith et Pamela Anderson, et un petit bout de nichon furtivement dévoilé au moment de sortir de la douche (penser à prévoir une scène de douche entre deux scènes de course poursuite donc) fera l’affaire.
Et durant 82 épisodes, de 1993 à 1999, chaque samedi soir à partir de 22h50, après un long générique brumeux laissant apparaître les deux mots tant attendus sous forme de néons, et bien, cela fonctionnera. Très bien même. Ces pilotes rejetés (ou tout simplement des Direct To Video avec Lorenzo Lamas et William Devane) représentaient une forme d’interdit, parce qu’il y avait, supposément, des meurtres et du cul. Un interdit que la première chaîne nous encourageait malgré tout à braver: l’adulte, lui, ne pouvait se contenter de ce pitoyable spectacle mal joué, mal doublé, mal filmé, lui qui possédait déjà les VHS de Basic Instinct et Emmanuelle. Non, Hollywood Night, c’était pour les jeunes, précisémment parce que ce rendez-vous leur était interdit.
Pourtant, au-delà du plaisir d’enfreindre les règles, Hollywood Night fut également, pour beaucoup, un apprentissage du cinéma. Le Bis, le nul… Nos premiers navets s’appelaient Désir défendu, L'Exécuteur, L'Experte, Belle et dangereuse ou encore Ultime étreinte. Un mauvais film en dit autant sur l’Art du cinéma qu’un bon, et en ce sens, Hollywood Night fut une véritable leçon. Une des plus importante. D’ailleurs, certains noms au casting de ces soirées ressurgiront des années plus tard dans des génériques bien plus reluisants. Andrew Stevens par exemple, réalisateur de Rêves Interdits en 1995, produira le Ghost Dog de Jarmusch ou le film Animal Factory de Steve Buscemi.
En quoi cette scène débile est-elle débile ? En quoi ce plan ne fonctionne-t-il pas ? Un mauvais film est-il vraiment mauvais ? S’il nous fait rire, même involontairement, comme le dénigrer ? Devant Hollywood Night, on pouvait s’interroger. Même si, ne nous mentons pas, la plus importante restait la suivante: ai-je raté le cul de Pamela ?
Nico Prat