John Candy : Géant
« Mon père était d’un incroyable talent et d’une incroyable force. Il est venu sur cette planète pour faire de grandes choses, et il a accompli de grandes choses. » — Chris CandyJohn Candy était gros. Ce poids, il en avait conscience, allant jusqu’à confier à ses proches qu’il craignait qu’il ne signe un jour sa perte, qu’une crise cardiaque ne le terrasse. Son père est mort ainsi, quand il était jeune. Il a donc essayé de maigrir, mais rechuta à chaque fois. John Candy pouvait peser jusqu’à 147 kilos. Il est décédé le 4 mars 1994.
« Mon père était d’un incroyable talent et d’une incroyable force. Il est venu sur cette planète pour faire de grandes choses, et il a accompli de grandes choses. » — Chris Candy
John Franklin Candy est né le 31 octobre 1950 à New Market, en Ontario, au Canada, fils de Sidney James Candy et Evangeline Candy. John a cinq ans quand son père décède. Il sera élevé par sa mère, sa tante, et ses grands-parents. Très vite, il se passionne pour le sport, particulièrement le football et le hockey. Il pense, peut-être, un jour, faire carrière. Un destin rêvé rapidement brisé après une mauvaise blessure. Pas grave, il se trouve rapidement ce qui n’est au départ qu’un hobby mais devient très vite la passion d’une vie : la comédie. Laurel et Hardy et les Three Stooges sont ses idoles. Il en sera une également.
« Je me souviens d’avoir eu mon père au téléphone la veille de son décès. Je bossais dans ma chambre, j’avais quatorze ans, et je devais réviser pour une interro. Je me souviens qu’il me parlait, mais que j’étais silencieuse, car j’avais la tête dans mes devoirs. Je lui ai dit du bout des lèvres “Oui, ok, je t’aime aussi, on se parle plus tard”. J’ai raccroché, et j’ai repris mes révisions. » — Jen Candy
John Candy écume les petites salles, se rode dans des pièces d’école, se cherche. Il n’est pas encore la montagne physique et cinématographique que nous connaîtrons, mais déjà, sa présence impressionne. Il finit par se trouver un emploi, dans une petite compagnie de théâtre pour enfants. De temps en temps, on peut le voir, si on ne va pas aux toilettes à ce moment-là, à la télévision canadienne. C’est à cette époque, au début des années soixante-dix, qu’il fait la connaissance d’un autre acteur crevant la dalle : Dan Aykroyd. Sur Toronto se monte une émission, Second City Television (SCTV), une série télévisée humoristique de la troupe The Second City, diffusée de 1976 à 1984. Cette bande de joyeux débiles existe depuis quelques années à Chicago, et ça marche, décision est donc prise d’ouvrir en quelque sorte une antenne chez le voisin canadien. John est embauché. Dan le sera aussi.
« Nous avons très vite su qu’il était mort d’une crise cardiaque, mais on ne voulait pas comprendre, il était si jeune. Je me souviens de ses amis qui ont tous débarqué à la maison. Toute la famille est venue du Canada. Chevy Chase était là aussi. » — Chris Candy
La carrière de John prend son envol. Il quitte la troupe en 1983 et se tourne vers le grand écran. Il interprète un agent de libération conditionnelle dans Blues Brothers, puis suivent Spaceballs, Splash, National Lampoon's Vacation, Little Shop of Horrors, Home Alone, Un ticket pour deux de John Hughes. Et Rasta Rockett, bien évidemment. Dans les années quatre-vingt et une partie des années quatre-vingt-dix, il promène sa bonne gueule et sa joie dans les salles obscures, souvent dans le rôle du mec discret mais sympa. Ce qu’il était également dans la vie. Oh, et la voix de Wilbur dans Bernard et Bianca au pays des kangourous, c’était lui aussi. Et il a bien failli interpréter le rôle de Rick Moranis dans Ghostbusters. Le rôle de Louis Tully fut écrit pour lui, mais il refusa de baisser son salaire.
« Ce que vous voyiez sur l’écran, ce n’était pas un acteur. C’était John. » — Martin Short
Décembre 1993. John Candy est à Durango, au Mexique, pour le tournage de Wagons East!, une parodie de western. Peu de temps avant son départ, il confie à son amie Catherine O’Hara, actrice, qu’il a un mauvais pressentiment. Il ne sait pas pourquoi, il ne parvient pas à l’expliquer. Il sait en revanche qu’il souhaite arrêter le cinéma, et que ce film sera sans aucun doute son dernier. Il veut retrouver la scène, et voir ses enfants grandir. Au Mexique, il fait venir son propre chef, afin de rassurer son médecin sur ses habitudes alimentaires. Mais rien n’y fait, il aime la bouffe, et gonfle. A tel point que la production peine à lui trouver un cheval pouvant soutenir son poids.
Le 3 mars 1994, John s’écroule. Puis se relève, et s’écroule de nouveau. La scène doit être tournée et retournée, le soleil tape fort, très fort, toute l’équipe est en nage. John est épuisé. Il est dix heures du soir quand il rejoint enfin sa caravane. Il ingurgite un plat de spaghettis, prend une douche, enfile un peignoire, et discute brièvement avec un vigile. Et lui confie ceci : « Je suis fatigué. Je veux rentrer chez moi, retrouver ma famille. » Le lendemain, son corps est retrouvé, sans vie, dans son lit. Les funérailles auront lieu le 21 mars 1994, à l'église Saint-Martin de Tours, à Los Angeles. Jim Belushi, Bill Murray, Chevy Chase, Martin Short, Rick Moranis, Tom Hanks, Ed Harris et Harold Ramis sont présents. Le corps de Candy est enterré au cimetière Holy Cross à Culver City, en Californie. Wagons East! sort en août 1994. John Candy y est incrusté numériquement dans deux scènes. C’est un échec au box-office.
John Candy n’était pas un acteur particulièrement habité, ne courait pas les rôles à Oscar, et la plupart du temps, il ne semblait pas réellement jouer, ou en tout cas, il ne semblait pas en faire l’effort. En fait, John Candy se contentait d’être John Candy. Il était, et reste, la force rassurante du cinéma des années quatre-vingt. Il sauva le Noël de Kevin McCallister, redonna l’espoir à une bande de bras cassés désireux de briller aux jeux Olympiques. Il était et sera toujours un oncle, un pote ou un papa. Sa force, son héritage, est nichée au coeur de cette vérité : on ignore souvent son nom, mais tous connaissent son visage. Car tout le monde aimait John Candy.
« Si vous parvenez à savourer l’aspect humoristique de la misère et de l’infortune, alors vous surmonterez toutes les épreuves. » — John Candy
Il n’avait que 43 ans.
Nico PRAT