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« Multiversity » : un layer Cake sauce DC

Fou, complexe et exigeant, « Multiversity » n’est pas à mettre entre toutes les mains, pourtant derrières ces pages se trouve une œuvre somme étonnante qu’il convient de lire, pour autant que vous vous intéressiez à ce que représente le comicbook à n
« Multiversity » : un layer Cake sauce DC

La notion d’univers parallèles est tellement bien ancrée chez DC qu’elle fait maintenant partie de son ADN. Au fil des décennies, l’éditeur a tenté à plusieurs reprises des refontes de son univers qui étaient sensées simplifier les choses, mais qui au final n’ont fait qu’ajouter des surcouches de réalité qui sont venues se superposer les unes aux autres.


Que ce soient des reboot ou des mondes alternatifs, ces univers ont perduré en fonction des désidérata des auteurs, créant ainsi de multiples variations des héros que nous connaissons tous. Dans les années 40, la « JSA » rassemblait les plus grands héros du « Golden Age » de DC, mais l’intérêt vacillant du public provoqua l’arrêt de leurs aventures, remplacées par celles des héros du « Silver Age ». DC eu l’idée de faire vivre les protagonistes de la « JSA » sur un monde parallèle appelé Terre 2, tandis que la « JLA » de l’âge d’argent prenait place sur Terre-1. Au fil du temps, ces multiples itérations vinrent peupler différents univers, chacun possédant ses propres héros et son propre système de valeur. 


« What a mess ! » Depuis plusieurs années, de multiples « crises » sont venus menacer la cohérence de ces mondes. De « Flash of the two Worlds » aux plus récents « Infinite Crisis » ou « Identity Crisis », il devenait très compliqué pour le nouveau lecteur de s’y retrouver.

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En 2014 le scénariste anglais Grant Morrison a tenté de produire une aventure somme de tout le macrocosme DC. « Multiversity » propose une véritable cartographie de la structure du multivers. Le récit commence par la venue de « La Noblesse », une race de créatures inter-dimensionnelles venues infecter le multivers. Seul rempart contre ces êtres, Nix Uotan le super Juge, tente de s’interposer mais se fait contaminer à son tour. Calvin Ellis, le Superman noir de la Terre-23 se voit dans l’obligation de monter une super équipe pour tenter de sauver Uotan et d’empêcher la corruption des dimensions. Ellis va devoir rassembler les plus grands héros du multivers si il veut arrêter la propagation du mal.


La structure narrative de « Multiversity » se décompose en plusieurs chapitres, chacun se déroulant dans un univers différent avec comme fil conducteur un comicbook, vecteur de la corruption des différents univers. Grant Morrison se sert justement de cette composition pour faire visiter chaque monde au lecteur et retracer l’histoire du comics. Tout y passe, du pulp des débuts jusqu’à l’époque moderne, en passant par les Toons voire même des ersatz des Avengers ; Morrison essaye de dresser une carte de l’histoire du comicbook pour la restituer de manière cohérente dans une aventure où le lecteur croit pouvoir jouer un rôle. 


Pour bien signifier la séparation entre chacun des mondes, Morrison va utiliser un artiste différent pour dessiner chaque chapitre. De Ivan Reis à par Jim Lee en passant par Ben Oliver ou Doug Mahnke, les plus grands noms du comics vont mettre leur talent à l’épreuve pour donner vie à chaque monde. Ainsi la relecture des « Watchmen » placée au centre du récit est dessinée par Frank Quitely, qui reprend le gaufrier de Dave Gibbons ainsi que tous les artifices utilisés dans le comics, se payant même le luxe de quasiment cloner la page centrale, véritable clef de voute de l’œuvre de Moore.

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Grant Morrison a tenté de vendre Multiversity comme une grille de lecture destinée à faire comprendre la structure du multivers DC au profane. Si il est indéniable que nous avons à faire à une œuvre majeure chez DC, la mission n’est qu’à moitié remplie. En donnant une vie propre à chaque chapitre, Morrison livre certes une œuvre cohérente mais qui se destine malgré tout à un public connaissant un minimum l’histoire du comics. Si le néophyte risque d’être très rapidement largué, passant à côté des nombreuses références qui parsèment le récit. L’initié quant à lui pourra profiter pleinement du voyage, faisant de « Multiversity » une œuvre fondatrice, permettant d’assimiler et ainsi de rendre « canon » tous les univers satellites de l’éditeur.


Neuf chapitres, neuf histoires auto-contenues mais formant pourtant un tout, voilà ce qu’est « Multiversity ». Un récit composé de plusieurs strates qu’il convient de gratter pour comprendre l’étendue du travail de titan que Morrison a abattu pour composer une saga de cette ampleur. En faisant jouer au lecteur un rôle d’acteur, brisant ainsi le 4ème mur, l’auteur nous amène dans un monde chaotique qui déborde d’inventivité. Si « Multiversity » n’est pas forcément le récit le plus abordable de Grant Morrison, il n’en demeure pas moins typique du style d’écriture de l’auteur. Fou, complexe et exigeant, « Multiversity » n’est pas à mettre entre toutes les mains, pourtant derrières ces pages se trouve une œuvre somme étonnante qu’il convient de lire, pour autant que vous vous intéressiez à ce que représente le comicbook à notre époque.


Christophe BALME


L’intégrale de « Multiversity » est disponible maintenant chez Urban Comics.

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