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Scanners de David Cronenberg

Au rayon « grandes frayeurs de notre enfance », Scanners squatte sans doute la meilleure place (ou presque), juste entre Chucky (le premier) et Chucky (le deuxième). 
Scanners de David Cronenberg

Au rayon « grandes frayeurs de notre enfance », Scanners squatte sans doute la meilleure place (ou presque), juste entre Chucky (le premier) et Chucky (le deuxième). Près de vingt ans après notre premier visionnage, restent des images. Et des sueurs froides. Il y a tout d’abord cette affiche. Laide et fascinante à la fois. On ne sait plus si ce crâne explosant en lambeaux de chair illustrait également la jaquette française, mais l’image est restée. Mais d’abord, rappel des faits. Scanners est un film canadien réalisé par David Cronenberg. Un mec qui, en 1982, n’est pas encore le réalisateur de La Mouche ou de Videodrome, mais déjà un individu potentiellement dangereux. L’histoire est, sur le papier, simple : l’agence ConSec souhaite utiliser pour ses affaires des Scanners, individus capables de télékinésie et de télépathie. L’un d’entre eux, Darryl Revok, entre en guerre contre Cameron Vale, chargé de l’arrêter. Le bien, contre le mal, mais où est le bien, où est le mal ? Bref, une thématique simple, voire simpliste. Reste le traitement…Scanners n’est pas spécialement un bon film (on peine à s’attacher aux personnages, les effets spéciaux ont vieilli…) mais reste un sommet en matière d’horreur glauque. C’est crispant, c’est malsain. Et le tout repose sur deux choses seulement. 


La première s’appelle Michael Ironside. Il est l’un des plus grands seconds couteaux du septième art. Vous l’avez vu dans Top gun, Total recall, Sauvez Willy, Starship troopers, En pleine tempête, les séries V, Urgences, Desperate housewives… Bref, le genre de mec que l’on voit sans regarder, partout, tout le temps. Un mec sobre dans son jeu, le méchant de notre histoire. En action dans Scanners, il se doit de mimer une force de l’esprit, en se contentant de se mordre la lèvre et d’ouvrir grand les yeux. Quelques gouttes de sueurs font le reste. Ridicule ? Un peu. Mais Ironside est du genre flippant. Quand il tord son visage, cela donne quelque chose d’autre. Pas juste une grimace, LA grimace. Et la scène culte, il est dedans. L’explosion d’une tête. En gros plan. Michael Ironside est du genre à vous éclater le crâne. L’autre grande force de Scanners, c’est son traitement quasiment théâtral. Avec un budget d’environ 3 millions de dollars (pour environ 14 de recettes), on est très loin du blockbuster estival habituel. Résultat : le mot d’ordre est l’économie. Et ce sont les décors qui trinquent. Ce qui, bien loin de paraître cheap, impose une atmosphère lugubre. Des fonds noirs, des scènes de nuits… 


Notre regard ne peut donc jamais se détourner de ce que Cronenberg filme, et souhaite nous montrer. Des flammes, des crânes, le tout soutenu par une musique des plus sommaires. Un cauchemar sans nom pour un gamin de dix ans donc. Une pièce de théâtre sanglante, avec des globules rouges en figurants. Revu en 2014, Scanners ne parvient pas à se démarquer de l’image que nous en avions depuis toutes ces années. Celle d’une bulle sombre, dans laquelle un vilain monsieur faisait gicler le sang. Malgré tout, et en attendant un potentiel remake orchestré par les Weinstein, on tient là un sommet du lugubre. 


Bon samedi soir.


Nico PRAT

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