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Big : la grâce gauche de l'enfance

Il existe un vieux dicton anonyme qui nous dit : « attention à ce que tu souhaites, tu pourrais bien l’obtenir. »
Big : la grâce gauche de l'enfance

Il existe un vieux dicton anonyme qui nous dit : « attention à ce que tu souhaites, tu pourrais bien l’obtenir. » Voilà un adage qui n’aurait pas pu mieux mettre en garde bon nombre de jeunes et insouciants héros, de Kevin McCallister dans Maman j’ai raté l’avion, à Josh Baskin dans Big.



Par Camille Mathieu.

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C’est au cœur d’une fête foraine, dans le New Jersey, que les problèmes commencent… Josh, du haut de ses douze ans, tente de séduire Cynthia, quinze ans, qui en pince pour les garçons plus âgés. Comble de l’humiliation, sa petite taille lui interdit même de grimper à bord du super looping. Frustré et déçu, Josh tombe nez à nez avec l'antique Zoltar, un étrange automate diseur de bonne aventure. Il glisse une pièce dans la machine et lui confie son souhait le plus cher : grandir. Lorsqu’il s’éveille le lendemain, Josh a la trentaine et la ferme intention de profiter de tous les avantages qu’offre la vie de grande personne.

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Projeté sans sommation dans la peau d’un homme, Josh n’en a pourtant que l’apparence et conserve le potentiel social, émotionnel et intellectuel d’un garçon prépubère. Trop heureux d’échapper à toutes les tâches et corvées de l’enfance (devoir à bâcler et chambre à ranger), il plonge fissa dans l’âge adulte. Lancé par une suite d’heureux incidents dans la vie professionnelle, son ingénuité le protège de la pression et de la compétitivité du monde des affaires. Comme dans Forrest Gump, l’innocence de Josh passe pour une sagesse proverbiale. Il décontenance ses pairs par sa franchise désarmante et son refus de jouer le jeu des adultes, sûrement parce qu’il en ignore les règles les plus élémentaires. Il s’attire même les faveurs de son patron lors de la célèbre scène du piano géant dans le magasin FAO Schwartz. Mais la fin de la récré sonne quand Josh réalise que ce monde adulte qu’il s’était empressé de rejoindre, rien ne l’y avait encore préparé. Le film résiste toujours à la tentation de creuser le fossé entre le temps béni des malabars et des lits superposés, et un âge adulte qui serait forcément synonyme de désillusion et de perte des idéaux. Susan refuse d’ailleurs de retourner à l’enfance, estimant que « c’était déjà assez difficile la première fois ».

 

Dès 1988, Big suggère que Tom Hanks peut à peu près tout faire et à peu près tout jouer. Dans la peau d’un garçon de 13 ans, comme embarrassé par son propre corps, il parvient à rendre un peu de cette grâce gauche de l’enfance. Le film offre à l’acteur sa première nomination aux Oscars et fait de Penny Marshall la première réalisatrice à franchir les 100 millions de dollars de recettes sur le sol américain. Dans la noble tradition du body swap, Big s’en tire avec les honneurs en nous rappelant de ne jamais perdre de vue l’enfant qui sommeille en nous. Au scénario, Gary Ross et Anne Spielberg jouent les équilibristes et, derrière une intrigue un poil convenue, parviennent à énoncer quelque chose de juste et de touchant sur le passage à l’âge adulte : tout vient à point à qui sait attendre.


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