Boyz N the Hood : le chef-d'oeuvre de John Singleton

Sorti en juillet 1991, Boyz N the Hood tirait la sirène d'alarme à toute l'Amérique. Malheureusement personne ne prêtera attention au fond du film et à son contexte social, quelques mois plus tard éclateront les émeutes de Los Angeles, les plus importantes depuis plusieurs dizaines d'années. Des jours et des jours de guerre civile, de noirs américains qui veulent en découdre avec le pays tout entier, poussant les derniers épiciers de quartier non armés à se munir de quoi se défendre. Mais de quoi parle Boyz N the Hood au juste ?

C'est l'histoire de Tre, jeune afro américain plutôt doué à l'école qui va mal tourner. Mal entouré, au mauvais endroit, au mauvais moment, Tre va se retrouver dans les embrouilles de ses potes, au grand désespoir de son père, joué par l'impeccable Laurence Fishburne. Mecs de la rue, son titre canadien, est souvent mis en opposition à Menace II Society, à juste titre. Le second étant la version « ghetto » du premier, son frère jumeau qui aurait encore plus mal tourné. Le film de John Singleton (qui sera nommé à l'Oscar du meilleur réalisateur pour ce film à 24 ans !), plus moralisateur, n'en demeure pas moins une formidable peinture de la vie dans les quartiers de South Los Angeles. Si bien qu'il se verra inscrit au National Film Registry, créé par le Congrès américain, comme film décrivant une réalité culturelle. 

Le film renferme quelques jolis moments de cinéma, et Singleton en profitera pour rendre un hommage appuyé à Stand by Me de Rod Reiner. Mais Boyz N the Hood c'est surtout Ice Cube. L'ancien rappeur du plus célèbre groupe de rap de l'ouest N.W.A donne ici toute la crédibilité dont le film a besoin. On sent bien que O'Shea Jackson, de son vrai nom, a vécu chaque instant de ce long métrage dans « la vraie vie ». Ghetto for life, Ice Cube finira par acheter la Gold Chevrolet Impala qu'il conduit fièrement dans le film. Avec un budget estimé à 6 000 000 de dollars, le film de John Singleton finira sa carrière en salle avec près de 60 000 000 de dollars de recette, ce qui en fera le film le plus rentable de l'année 1991. Singleton ne se remettra jamais vraiment de ce succès, il courra plus ou moins après toute sa vie sans jamais rééditer l'exploit. Au final Boyz N the Hood restera le film de toute une génération, que ce soit aux USA, ou en Europe, et particulièrement en France, pour tous les gamins qui rêvaient un peu trop fort de l'Amérique et de ses gangs. 

Le streetball débarquait, Michael Jordan gagnait son premier titre, les kids portait le logo de Mercedes en pendentif et le graff vivait ses plus belles heures. Et pendant ce temps-là, le génie Dr Dre et son poulain Snoop Doggy Dogg préparaient le meilleur album de rap de toute l'histoire de la côte ouest américaine, mais ça, c'est une autre histoire...

Johan CHIARAMONTE