Halloween 2 : Michael Myers is back !

Il fait nuit noire et John Carpenter est ivre devant sa machine à écrire quand il décide d’intégrer un élément crucial au scénario d’Halloween 2. Après la sortie du premier épisode en 1978, qui a marqué à tout jamais l’histoire du slasher et introduit le personnage de Michael Myers au grand public, il obtient carte blanche pour l’écriture d’une suite qu’il n’a absolument aucune envie de faire. Pour lui et sa co-scénariste Debra Hill, Halloween était un film qui se suffisait à lui-même – simple mais efficace, sans violence explicite mais plein de tension, servi par une bande originale devenue culte et une Jamie Lee Curtis impeccable dans son rôle de final girl. Mais la perspective de recevoir plus d’argent de la part d’Universal, qui l’a chichement rémunéré par le passé, le pousse à s’asseoir devant sa machine à écrire. « Ce qui m’a motivé à écrire ce script, c’est la Budweiser », confiera-t-il dans le cadre du documentaire Halloween : A Cut Above the Rest, qui revient notamment sur la genèse de la franchise. « Chaque nuit, je m’enfilais un pack de six en me demandant ce que j’allais bien pouvoir écrire. Je n’avais aucune idée de quoi faire. Pour moi, on était en train de refaire exactement le même film, en moins bien. » Il refuse donc de réaliser le film, qu’il préfère confier à Rick Rosenthal – un réalisateur débutant, connu de Carpenter pour son court-métrage fantastique The Toyer, où il est également question d’un tueur psychotique.

Article par Julie Le Baron paru initialement dans notre hors-série Video Pizza, toujours disponible sur notre shop !

Halloween 2 reprend directement là où son prédécesseur nous avait laissé, comme si nous n’avions jamais quitté Haddonfield : Laurie Strode est en train de combattre Michael Myers, avant que n’intervienne le Dr Loomis, qui l’abat de plusieurs balles de pistolet. Ils constatent ensuite avec effroi que son corps a disparu. Cette suite se déroule essentiellement en huis clos, dans un hôpital où Laurie va passer une nuit cauchemardesque. Pour donner vie à ce décor, Rosenthal s’est directement inspiré d’une expérience personnelle, alors qu’il se trouvait dans un hôpital complètement désert – à l’exception de quelques docteurs et infirmiers – en compagnie de sa femme. Le film comporte une succession de plans des couloirs déserts qui évoquent le cinéma expressionniste allemand dont Rosenthal déclare s’inspirer, et d’images transmises par les écrans de surveillance qui confèrent une ambiance claustrophobique au film. John Carpenter n’a pas aimé cette première version, à laquelle il s’est permis d’ajouter une suite de plans sanguinolents, au désespoir de Rosenthal qui souhaitait garder le pouvoir de suggestion du premier épisode.

Plus tard, Carpenter a décrit Halloween 2 comme étant une « abomination », allant jusqu’à qualifier ses propres idées d’atroces. Il est pourtant loin d’être dénué de qualités et a eu un grand succès commercial, sans égaler celui du premier pour autant. La franchise a connu de nombreux autres épisodes de qualité variable – dont un reboot par Rob Zombie –, jusqu’à ce que Carpenter décide de s’investir à nouveau dans les suites. Dans un parfait élan d’opportunisme, Budweiser s’est servi de l’anecdote de Carpenter pour faire sa promotion un an après la sortie d’Halloween (2018), considéré comme la vraie suite canonique du film de 1978.

Article par Julie Le Baron paru initialement dans notre hors-série Video Pizza, toujours disponible sur notre shop !