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Happy Meal : le sandwich aux boulettes de viande de Point Break

Les deux sandwichs aux boulettes de viande sont le cœur de Point Break, un cœur salé et fondant comme il faut. Focus en six points.
Happy Meal : le sandwich aux boulettes de viande de Point Break

1. Pas un sandwich, deux. Deux !

C’est une scène anecdotique pour les uns, mythique pour les autres - les vrais, ceux qui apprécient Point Break à sa juste valeur. Johnny Utah et son collègue Angelo Pappas patientent dans leur belle Lincoln Town 1984, aux pieds de la banque que Bodhi Salver dévalise en compagnie de ses gringos. Comme le suggère son nom vaguement fast food, Pappas a la dalle (« it’s time for lunch ») et quémande au jeune chien fou d’aller lui chercher un sandwich aux boulettes de viande, préparé avec amour par la vendeuse du coin. « Le meilleur que j’ai jamais goûté ! » précise-t-il pour attiser l’appétit. Non, pas un tout compte fait, mais deux. « Utah, get me two! » décoche-t-il, signe de main à l’appui. Avant qu’Utah ne se mette à poursuivre Bodhi dans les ruelles de Los Angeles, Pappas lui dira : « J’ai si faim que je pourrais bouffer le cul d’un rhinocéros mort… J’aurais dû en demander trois ! ». Une réplique qui figure aujourd’hui sur des t-shirts. 

2. Keanu Reeves n’a pas tapé un croc

Il a fallu attendre un dimanche soir pour que Keanu Reeves confesse l’affreuse vérité, l’espace d’un Ask Me Anything sur le site Reddit. Durant ce climax de la bouffe, seul Gary Busey aurait becté du sandwich. « Gary a gardé les sandwiches. Moi, j’ai du courir et poursuivre le méchant » détaille l’acteur - lequel, au cours de ladite séquence, commande également un sandwich au thon… qu’il n’aura pas non plus l’occasion de goûter. Chose amusante : en février 2017, Keanu Reeves est invité dans l’émission The Chew, le talk show culinaire d’ABC. Et que cuisine-t-il ? Des boulettes de viande de bœuf accompagnées de bette.

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3. Gary Busey a revisité le sandwich à sa sauce

Croyez-le ou non, mais le sandwich aux boulettes de viande est aussi une histoire d’impro. Dans son bouquin Buseyisms: Gary Busey’s Basic Instructions Before Leaving Earth (oui), le comédien - qui avait déjà fréquenté le milieu du surf en participant au Graffiti Party de John Milius - nous apprend que la saisissante punchline « Utah, get me two! » n’était pas dans le script originel. Aucune ligne ne précisait que Pappas devait quémander sur un coup de tête non pas un, mais deux sandwichs aux boulettes de viande. Comme le souligne Johnny Utah, c’est un fait plutôt insolite à heure aussi matinale - 10h30. Pourtant, le fait de commander deux sandwichs n'a rien d'anodin et participe à la caractérisation colorée du personnage de Pappas. Un américain excessif et goguenard, qui fait une bombe dans la piscine, frappe un agent du FBI en plein visage et rit bruyamment en lisant les bandes dessinées du journal. En vérité, le plus incongru, et certainement la seule aberration du scénario ciselé de Point Break, est certainement de nous faire croire que l’on peut acheter trois sandwichs et deux limonades pour moins de sept dollars.

4. Ce n’est pas forcément le repas idéal du surfeur

Le sub’ aux boulettes de viande est un snacking fameux, connu pour le culte que lui voue Joey Tribbiani, le coloc’ magnifique de Friends. Difficile d’oublier le vingtième épisode de la cinquième saison du sitcom, où l’intéressé risque sa vie pour sauver le saint Graal des plateaux télé - qu’il agrémente de fromage fondu et de sauce marinara. Un bon sub’ nécessite quelques boulettes de bœuf haché, du pain italien, de la sauce tomate faite maison constituée d’oignons rouges et d’ail haché, un brin de cumin ou de paprika, de la mozza et du parmesan. C’est un amuse-bouche qui fait l’effet d’une bolognaise casée entre deux tranches de pain. À l’instar de Point Break, une étrange impression de sérénité s’en dégage. Ses saveurs nous sont familières et sa composition est aussi généreuse qu’un blockbuster des années quatre-vingt-dix. Cela étant, si les meatballs suintent la graisse et la classe (la preuve, c’est le nom d’une comédie d’Ivan Reitman avec Bill Murray), on recommandera aux surfeurs de privilégier des gourmandises plus healthy : fruits et légumes frais, produits laitiers, thon, salade de quinoa, smoothies, œufs en quantité raisonnable.

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5. Ce sandwich a un parfum de culte

Sur le web, impossible de passer à côté de ce classique de l’alimentation rapide. La « meatball sandwich scene » a beau ne durer que quarante secondes, elle est pour les cinéphiles un instant à part entière dans le film de Kathryn Bigelow. Son upload en 1080p sur YouTube dépasse les 95 000 vues et l’utilisateur qui en est à l’origine, un certain Jack Bauer, indique en description : « il est compliqué d’expliquer pour quelles raisons cette scène est si cool. Alors si vous l’aimez, dites pourquoi dans les commentaires ». Aux yeux de l’audience, quelques tensions shakespeariennes traversent cette tragédie moderne : la bromance sadomaso entre Utah et Bodhi (du septième ciel au corps à corps), le flingage brutal de Pappas et… le fait que ce dernier n’ait pas eu le temps de finir son sub’ avant de poursuivre sa mission.

6. Le sandwich est une allégorie

Selon le blogueur fou de Fork Your Consideration, ce sandwich est une allégorie. Dans Point Break, fable sur le libre arbitre et le saut en parachute sans parachute, les organisations criminelles, les « déferlantes d’enfer » et les sports extrêmes, les deux casse-dalles constituent une autre forme de sensation forte. En becter avant l’heure du déjeuner c’est réagir au cadre trop resserré de la bureaucratie en privilégiant « la spontanéité » face à « la soumission aux normes de la société » (conventions qui voudraient, par exemple, que l’on mange non pas deux, mais un seul sandwich). Le sandwich aux boulettes de viande, c’est le déraisonnable, le plaisir #foodporn de l’extrême limite, la recherche d’une plénitude qui passe par le corps (le body). La gourmandise épicurienne de Pappas serait un écho à la philosophie transcendantale de Bodhi, achève le blogueur : « profiter des plaisirs simples de la vie, juste au cas où la vie sur terre se terminerait prématurément ». Un peu plus et l’on s’attendrait à ce que la vague apocalyptique affrontée par le braqueur ésotérique en fin de parcours n’aboutisse à une tempête de boulettes géantes.


Article par Clément Arbrun.

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