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Le film oublié : All Dogs Go To Heaven

Question de timing... Manque de chance... Chaque blockbuster imposant sa loi au box-o ce et son empreinte dans le cœur des cinéphiles laisse inévitablement sur le carreau un, deux, trois autres sorties passées totalement inaperçues…
Le film oublié : All Dogs Go To Heaven

Question de timing... Manque de chance... Chaque blockbuster imposant sa loi au box-o ce et son empreinte dans le cœur des cinéphiles laisse inévitablement sur le carreau un, deux, trois autres sorties passées totalement inaperçues, car arrivées en salles en même temps. Cette rubrique existe pour rendre honneur aux films qui n’ont pas démérité, mais qui ont eu le tort de sortir le même jour qu’un classique immédiat, qu’un mastodonte économique.


Le pitch


1939. Charlie est un gentil chien également gérant de casino, assassiné par son meilleur ami, Carface. Mais Charlie est également un chien qui a de la ressource et il parvient donc à s’échapper du paradis (où il atterrit par défaut, n’ayant jamais réellement fait le bien autour de lui) pour revenir sur terre et protéger, aux côtés de son ami Itchy, une jeune orpheline du nom d’Anne-Marie.



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Le destin


Nous vous parlons d’un temps où Disney n’était pas le maître incontesté du box-office, et où régnait donc encore un semblant de compétition, de suspens. Nous sommes en 1989 et Disney a déjà amorcé son retour en grâce. Les échecs de Rox et Rouky et Taram et le chaudron magique sont oubliés, Basil Détective Privé a redonné à la firme quelques couleurs. Les années quatre- vingt-dix seront celles des triomphes (Le Roi Lion, Aladdin) mais nous n’y sommes pas encore, pas totalement. Le cru 1989 se nomme La Petite Sirène. Le film sera le premier d’une longue série d’immenses succès, mais cela, on l’ignore encore. Et en ce 17 novembre, la sirène n’arrive pas seule dans les salles américaines, non. Face à elle, la création d’un ancien de chez Disney justement, un dénommé Don Bluth. Le film s’appelle All Dogs Go To Heaven, ou tout simplement Charlie en français.

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Aujourd’hui


Charlie est un film qui n’a finalement, au-delà de son affiche, laissé que peu de traces dans les mémoires. Moins émouvant que Le Petit Dinosaure, moins tendre que Fievel, moins ambitieux qu’Anastasia, il n’en reste pas moins une comédie légère, à l’animation soignée, se permettant même, ici et là, quelques audaces. Don Bluth, fidèle à son habitude de ne surtout pas prendre les enfants pour des imbéciles parle ici ouvertement de mort. En fait, il faudra attendre un Vice Versa, des années plus tard, pour voir quelqu’un s’emparer avec autant de talent et de conviction de sujets aussi froids, sombres. Don Bluth était un enfant de Disney, certes, mais il est parent de Pixar. Charlie fut un succès modéré et les critiques ne furent pas tendres. Disney remporta la partie. Et pourtant, sur le papier, la promesse était belle : Burt Reynolds dans la peau de Charlie, Bluth lui-même à la réalisation. Et Judith Barsi. Impossible de revoir ce film sans penser à elle, à cette enfant qui prête ici sa voix à la jeune Anne-Marie. Judith Barsi était une enfant star de son époque, un sourire connu, reconnu. Elle fut Thea Brody dans la suite des Dents de la mer, un visage des séries Growing Pains et St. Elsewhere. Elle fut également assassinée à l’âge de dix ans, abattue par un père alcoolique, violent, fou, qui tua également sa mère avant de se donner la mort. All Dogs Go To Heaven mais également Le Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles (dans lequel elle double Ducky) sortiront à titre posthume. Revoir Charlie, c’est penser à cette histoire et entendre sa voix. Inutile donc de dire que Charlie se regarde en version originale. Inutile également de préciser que ses suites n’ont absolument aucun intérêt. En revanche, il serait grand temps de rejuger un brin à la hausse la suite des aventures de Don Bluth... Oui, y compris le mal aimé Titan A.E, qui parvint à couler le studio Fox Animation.



Texte par Nico Prat


Article paru dans le Rockyrama n°25 : Série B

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