Primal : Basic Instincts
[adult swim] poursuit sa collaboration avec Genndy Tartakovsky (Samurai Jack) pour une courte série en 2D autour d’un homme préhistorique qui survit dans un environnement hostile…Un des derniers havres de paix américains pour l’animation adulte, [adult swim] poursuit sa collaboration avec Genndy Tartakovsky (Samurai Jack) pour une courte série en 2D autour d’un homme préhistorique qui survit dans un environnement hostile… et dans une histoire alternative où il cohabite avec les dinosaures. Tour d’horizon des 2 premiers épisodes, avant leur arrivée sur Adult Swim France, mardi 8 octobre en quotidienne.
En étendant encore plus les limites de ses projets, [adult swim] accueille dans son sérail depuis 2017 Genndy Tartakovsky. Ayant trouvé – finalement – le succès avec la mièvre franchise des Hôtel Transylvanie, et quelques échecs comme un Popeye qui a calé en cours de route, le natif de Chicago a pu conclure Samurai Jack à l’antenne de la chaîne câblée en y consacrant un ton bien plus adulte… et en tournant le dos aux sirènes d’Hollywood qui ont laissé languir le projet en development hell depuis plus de 10 ans.
La chaîne a le calendrier capricieux, elle qui peut laisser 2 à 3 ans s’écouler entre ses séries, et tente une diffusion événementielle sur une semaine avec Primal. Un exercice d’épure qui part d’un constant simple : une partie des prouesses techniques saluées dans Samurai Jack voyait l’utilisation d’effets sonores tranchants et un ballet de mouvements utilisant le dynamisme propre à la 2D pour voir Jack se défaire d’hordes d’ennemis, katana en main ou non. Pourquoi ne pas faire toute une série sans dialogues, pleinement immersive et riche en action sur 22 minutes ?
C’est ainsi que naît Primal et son héros Spear (Flèche, avec la voix d’Aaron LaPlante). Il n’est pas doué de parole, uniquement de cris gutturaux lorsqu’il s’élance ou part à l’assaut d’une proie. Spear voit sa famille décimée par des immenses tyrannosaures, et doit s’adapter à un environnement darwinien en diable.
Ni vraiment Rahan, ni vraiment Conan le Barbare, Spear a pour traits une nervosité suintant de ses pores, épousant l’intensité de chaque combat avec des créatures gigantesques. Ensemble, Tartakovsky, son responsable du character design Aaron Wills et les Français du studio La Cachette conçoivent une jungle cauchemardesque, où rien n’est acquis, et où chaque ressource est à manier avec grande précaution. À l’ère du photoréalisme roi, Primal peut se voir comme une démonstration musclée que l’animation 2D sait manier l’expressivité comme personne. À travers un échange de regards entre humain et dinosaure. À travers un sang rouge clair rassasiant les dinosaures, et tranchant avec les décors poisseux dans lesquels ils évoluent. Les histoires où Spear entremêle chasse, pêche, nature et tradition peuvent sembler trop élémentaires, mais Primal leur donne corps avec brio. En épurant les enjeux dramatiques au simple instinct de survie, Primal s’embarrasse peu du feuilletonnant ou même de la mythologie qui faisait partie intégrante de Samurai Jack. Plus qu’autre chose, c’est une déclaration d’amour aux univers préhistoriques fictifs qui ont baigné la pop culture. Plus qu’une déclaration, un cri guttural venant d’un vétéran qu’on pourrait croire endormi. Pour amener d’autres fantaisies nocturnes ?
Florian Etcheverry
Primal, du 8 au 13 octobre à 23h45 sur Adult Swim France, et disponible à la demande. La saison 5 de Samurai Jack (inédit France) sera diffusée à la suite.