Outer Wilds : l'Odyssée de l'espace

Quelque part au coeur de l’espace, une créature, vous, emprunte une plateforme menant à un vaisseau semble-t-il fait de matériaux récupérés, recyclés, donnant à la machine une absence de forme définie, stable. Dans quelques minutes, vous allez emprunter cet engin, vous propulser dans l’espace, et entreprendre le plus grand voyage jamais accompli par qui que ce soit. Vous allez plonger au coeur de l’univers et des secrets de l’humanité.

Outer Wilds est un jeu vidéo de simulation d'exploration spatiale sorti en mai et édité par Annapurna Interactive. Et au moment de dresser le bilan de cette année, mais aussi, pourquoi pas, des dix dernières, alors Outer Wilds est également l’une des plus épatantes, époustouflantes réussites vidéoludiques de récente mémoire. Une odyssée spatiale unique, une écriture d’une incroyable richesse, des personnages que jamais nous ne rencontrons réellement, tout en ressentant, au fil des heures, un attachement certain… Outer Wilds est une prouesse.

Le joueur y incarne un extra-terrestre qui visite son système planétaire. Mais toutes les 22 minutes, le soleil se transforme en supernova, toute forme de vie disparaît, y compris la vôtre, et la partie reprend, néanmoins riche du savoir acquis. Très tôt dans l’aventure, vous comprenez qu’une civilisation, les Nomai, était obsédée par la découverte de l’Oeil de l’univers, et que dans ses recherches, un canon aurait été créé afin de rejoindre cet oeil, et d’empêcher la destruction annoncée de la galaxie.

Combien de fois avons-nous, en temps que joueurs, survécus dans l’espace ? Ici face à des créatures belliqueuses,  là face à l’ennui (No Man’s Sky)... Tout cela devrait nous paraître, au mieux anecdotique, au pire… Vous savez. Mais Outer Wilds est unique. Outer Wilds ne vous raconte rien d’autres que ce que vous souhaitez savoir, découvrir. Outer Wilds vous laisse face à une galaxie, composée de planètes bien différentes, d’astres étranges, de mondes évoluant au fil de ces 22 minutes, et ne vous donne aucune piste… Vous devez y aller, vous devez explorer. Pas de frime ici, personne ne vous promet l’infini, non. Cet univers n’est pas extensible, mais sous la surface, mille secrets vous attendent, sous forme de vaisseau échoués, de messages codés, de trappes temporelles, de monstres aveugles…

Alex Beachum, le créateur du jeu, avait un objectif en tête : restituer le sentiment d’exploration propre à des films comme Apollo 13 ou 2001 L’odyssée de l’Espace. Le but est identifié, mais le chemin, lui, sera semé d’embûches, de détours, de questionnements… La première planète visitée par l’auteur de ces lignes fut Léviathan, immense globe aquatique parcouru d’immenses tornades, entre lesquelles flottent quelques îles. Lorsque le vaisseau pénétra l’atmosphère, quittant brusquement le calme et le silence d’un monde noir, et propulsa ses moteurs vers l’arrière afin d’éviter un monstre aquatique fonçant sur lui… Impossible ici de résumer ce sentiment, cette monumentale stupeur. Alex Beachum a réussi son coup, ici comme sur les autres astres.

Visuellement, Outer Wilds n’est pas sans failles, tout comme il n’est pas totalement dépourvu de bugs mineurs. L’important est ailleurs. Dans le récit de cette race alien disparue, peut-être. Dans cette quête, cette liberté de quête surtout. Dans la richesse visuelle de son bestiaires et de ses lunes. Ici, aucune arme, très peu de dialogues, pas ou presque de musique… Juste l’espace, le silence, et ses possibilités, immenses,  l’image de ce jeu, tout simplement un sommet du genre. De tous les genres.