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Le mystère John Cazale

« J’ai plus appris sur le jeu d’acteur de John que de n’importe qui » a déclaré Al Pacino. Admiré par Francis Ford Coppola, Michael Cimino et Sidney Lumet, John Cazale a joué dans cinq de leurs plus grands films.
Le mystère John Cazale

« J’ai plus appris sur le jeu d’acteur de John que de n’importe qui » a déclaré Al Pacino. Admiré par Francis Ford Coppola, Michael Cimino et Sidney Lumet, John Cazale a joué dans cinq de leurs plus grands films. En seulement six ans de carrière cinématographique de 1972 à 1978, il est le seul à avoir réalisé le grand chelem : quatre rôles courts mais intenses dans cinq films, tous unanimement reconnus comme des chefs-d’œuvre, et nommés « meilleur film » aux Oscars. Parmi ces performances, celle, inoubliable, de Fredo, le Judas touchant de la famille Corleone dans Le Parrain. La mort brutale de Cazale a interrompu une carrière qui s’annonçait brillante, unique. Il reste une énigme, acteur trop méconnu du grand public mais révéré de ses pairs, hier comme aujourd’hui. Plus qu’un modèle, un mythe.


Par Delphine Valloire, article paru en 2022 dans le Rockyrama 36, toujours disponible sur notre shop !

Sa première minute d’apparition au cinéma, au début du Parrain, le place d’emblée parmi les virtuoses du jeu, ceux qui surprennent, qui prennent le chemin que personne n’avait prévu. Il joue Fredo, le dernier frère de la famille Corleone à être montré à l’écran, né après Sonny et avant Michael, mais éternel « dernier », celui dont on ne sait que faire dans ce clan mafieux. Fredo rencontre Kay (Diane Keaton), assise avec son petit ami Michael (Al Pacino) au mariage de leur sœur Connie. Fredo a bu, mais Cazale ne joue pas l’ivresse frontalement ; avec finesse, il joue celui qui essaie perpétuellement de prouver quelque chose à son frère cadet et tente vainement de ne pas paraître saoul. En essayant de bien faire, il pose un baiser déplacé sur la joue de Kay qui rit nerveusement. Un peu plus tard, on le voit accompagner son père, Don Corleone (Marlon Brando), comme un enfant ou un adolescent qu’on ignore ou qu’on laisse vadrouiller pendant que les grandes personnes discutent. Quand Corleone est abattu par un clan rival dans la rue, Fredo à côté de lui jongle maladroitement de terreur avec son pistolet qui tombe au sol, avant de s'asseoir, comme gelé d’horreur à côté de son père en sanglotant « Poppa ». Deux scènes de quelques minutes posent Fredo, ses grandes parts d’ombre et de pâles lumières et, grâce à Cazale, on ressent déjà pour lui un étrange mélange de pitié et de tendresse. C’est le rôle le plus ingrat : celui du faible, un peu idiot et un peu écrasé, mais Cazale va en faire l’un des pivots du film en lui donnant une âme. Comme dans toute sa filmographie, il joue face à des monstres sacrés et pourtant semble presque les dépasser, quasiment sans effort apparent, tout en les mettant en valeur (d’où l’expression anglaise pour ce type de rôle de « supporting actor »). Ce paradoxe tient à un abandon de soi-même et de son ego au profit du personnage : un idéal à atteindre pour n’importe quel acteur. On parle toujours de « seconds rôles » pour Cazale, mais cette expression française paraît aussi injuste que fausse, tant ce type de rôles est un pilier dans ces films-là.

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Dans son film suivant, le peu aimable mais génial Conversation secrète, Palme d’or en 1974, Francis Ford Coppola, impressionné par sa performance dans Le Parrain, créé pour lui le rôle de Stan, l’assistant de Harry Caul, un expert de la surveillance qui perd ses repères en espionnant avec trop de zèle un couple adultère. Face à ce solitaire taiseux et méticuleux, Stan, sociable et curieux, fait contraste par son humanité. Mais il montre aussi un côté voyeur borderline un peu dégueulasse quand il photographie avec des commentaires salaces deux filles se remaquillant devant la vitre sans tain de leur camionnette. Cette même année, toujours avec Coppola, il rempile en Fredo Corleone pour Le Parrain, 2e partie et le réalisateur a étoffé le rôle pour lui, donnant une balance parfaite à la tragédie de cette famille. Fredo le faible devient Fredo le traître malgré lui, un homme qui « a bon cœur, mais qui est faible et stupide » selon les mots de Michael, le nouveau chef du clan, à Tom Hagen. Fredo est devenu le frère qui a perdu l’amour et le soutien inconditionnel et résigné (« and Fredo... Well... Fredo ») de son père. Sa performance donne une profondeur démente au personnage, toute en émotions contradictoires avec de nouvelles nuances qui se dévoilent à chaque vision du film.

 

Dans une scène d’anthologie, Fredo retrouve son frère après la découverte de sa trahison, dans un salon sombre juste éclairé en contre-jour par la neige derrière les baies vitrées (une des plus belles scènes conçues par le directeur de la photographie Gordon Willis). Michael à gauche est assis normalement alors que Fredo est couché comme une tortue sur le dos sur une chaise longue, à découvert, sans force mais avec de brusques sursauts de violence verbale quand enfin sort la vérité déchirante sur ses rapports avec sa famille : « Ce n'est pas ce que je voulais ! Je peux gérer les choses ! Je suis intelligent ! Pas comme tout le monde le dit... un idiot... Je suis intelligent et je veux être respecté ! » Sur le papier, à ce moment-là, l’audience devrait le détester, mais tout au contraire, il nous émeut, touche une corde sensible. 


L’année suivante, il joue Sal dans Un après-midi de chien de Sidney Lumet, toujours face à Pacino, un des deux preneurs d’otage dans le braquage raté d’une petite banque. Aussi taciturne que Sonny est extraverti, il fait de son personnage presque ridicule un danger, une bombe de nervosité prête à exploser. Enfin, son dernier film sera Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino en 1978 dans lequel il incarne Stanley 'Stan' Stosh, le canard boiteux (littéralement) de la bande, celui qui ne va pas aller se battre, bruyant, un peu pénible, un peu vantard. Une grande gueule qui « se balade tout le temps avec son stupide revolver comme John Wayne » comme lui reproche son ami Mike (De Niro). Dans le seul documentaire, I Knew It Was You qui lui est consacré, trois acteurs le décrivent comme une figure majeure de leurs panthéons personnels : Philip Seymour Hoffman, Steve Buscemi et Sam Rockwell. Le documentaire montre aussi les témoignages d’Al Pacino, Robert De Niro, Gene Hackman, Richard Dreyfuss, Francis Ford Coppola et de sa dernière compagne, Meryl Streep. Ce qui frappe pourtant c’est le peu de traces matérielles de son travail – excepté ces cinq films – sur 19 ans de carrière au théâtre avec une pincée de télévision. Très peu de choses... Quelques instants d’une pièce en caméra super huit, des photos de scènes, un court-métrage expérimental muet The American Way où on le voit quelques minutes en beatnik rêveur tentant de brancher des objets bizarres avec des pinces sur une batterie, et enfin un épisode de NYPD, « The Peep Freak » en 1968, où il joue aux côtés de Martin Sheen et Raul Julia.

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Qui est vraiment John Cazale ? Né à l’été 1935, cet enfant timide mais sociable grandit avec son frère et sa sœur dans une famille très middle class à Winchester dans le Massachusetts. Très vite au lycée, il se passionne pour le théâtre qu’il étudie à l’Université de Boston et ne lâchera jamais la barre. Même quand il faudra aligner (longtemps) des petits boulots pour faire bouillir la marmite : taxi, photographe et coursier pour la Standard Oil avec un autre acteur débutant, Al Pacino. En 1966, ils se retrouvent tous les deux à l’affiche d’une pièce d'Israel Horovitz, présentée Off Broadway, The Indian Wants the Bronx, dans les rôles principaux pour lesquels ils décrochent tous deux des Obie Awards en 1967-68. Il vit par et pour le théâtre et sur les planches il jouera tout : Brecht, Gorki, Shakespeare, Molière... Il admire Montgomery Clift et Marlon Brando par-dessus tout, et utilise – en l’adaptant – la méthode de Stanislavski en utilisant son intuition et son observation du monde plutôt que ses souvenirs personnels. 


Dans le documentaire, Pacino parle avec admiration de sa méthode unique, organique, pour faire rentrer ses partenaires dans une scène, jusqu’au miracle, ce moment où les personnages fusionnent et prennent vie : « Bon Dieu c’était extraordinaire. Il était extraordinaire. Il était inspirant. Vous étiez inspiré par lui et il vous rendait meilleur. » En mars dernier dans une interview au New York Times pour les cinquante ans du Parrain, Pacino parle de Cazale, son ami, son « grand frère », son mentor comme d’un modèle absolu : « John Cazale, en général, était l'un des grands acteurs de notre temps – de ce temps-là, et de tout temps. J'ai tellement appris de lui. J'avais fait beaucoup de théâtre et trois films avec lui.» 


Leur scène la plus célèbre reste l’une des plus célèbres du cinéma : celle du baiser de la mort au milieu d’un bal de Nouvel An à Cuba, où Michael annonce à Fredo terrorisé qu’il l’a démasqué : « Je savais que c’était toi. Tu m’as brisé le cœur ! » avant de l’embrasser violemment selon le rite sicilien qui marque funestement d’un baiser celui qui a trahi sa famille ou son clan. Leurs jeux d’acteurs se complètent dans ce film pour former un dialogue fraternel impossible, montrer l’évolution tragique de leurs deux destinées. L’histoire de cette famille de pouvoir, telle que l’a filmée Coppola, se rapproche tellement, dans sa structure, ses héros et ses thématiques, des grandes tragédies de Shakespeare, qu’on imagine parfaitement ce scénario comme un terrain de tous les possibles pour ces deux acteurs. 


Sidney Lumet a lui-même été bluffé par la performance de Cazale : « Dans Le Parrain, la subtilité de son jeu était tellement incroyable. La profondeur émotionnelle de cela... qui fait que John se fond si miraculeusement dans son rôle. Parce que toute cette vulnérabilité, toute cette douleur qui était en John en tant que personne, s’est soudainement connectée à son personnage. » Paradoxalement, le réalisateur ne voulait pas de lui pour Un après-midi de chien (il avait écrit le rôle pour un jeune homme de 18 ans suivant le fait divers original) et ne lui a fait passer une audition que sur l’extrême insistance de Pacino. Pour être finalement sidéré par l’intensité de leur lecture d’une scène. Cazale sera donc Sal, un étrange bonhomme secret et sec, au costume étriqué, avec une implantation des cheveux façon moine sur une coupe au carré (qui évoque aujourd’hui celle, tout aussi dérangée, du psychopathe Anton Chigurh/Javier Bardem dans No Country for Old Men). Accroché à son fusil, anxieux à mort, un peu perdu, il parle à peine, ne cligne pas des yeux, et semble pouvoir déraper d’une minute à l’autre dans le carnage sur un malentendu. Encore une fois, Cazale nous brise le cœur, détail après détail, par petites touches : Sal ne fume pas « pour ne pas attraper de cancer » mais braque une banque, a reçu une éducation un peu trop religieuse, ne veut pas qu’on le décrive comme homosexuel à la télévision, ne veut pas retourner en prison et a une sainte terreur de prendre l’avion. 


Dans une scène improvisée où Sonny lui demande dans quel pays il aimerait s’enfuir, Sal répond après réflexion et avec le plus grand sérieux « le Wyoming ». Brillamment, à quelques secondes d’écart, il provoque rire, effroi et pitié. En tant qu’acteur, Cazale n’a pas peur d’explorer les défauts, les failles, l’humiliation, la vanité, la déception ou de s’enlaidir. Avec une intuition constante, il compose l’humanité de son personnage sans jamais le juger, comme un tableau, reconstitue son humanité pour parler à notre empathie.

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Dans le documentaire, Meryl Streep explique cette particularité : « Il n'était pas comme les autres. Il ne ressemblait à personne que j'ai rencontré ; il y a une spécificité chez lui : son humanité, sa curiosité des gens, sa compassion. » Philippe Seymour Hoffman, lui aussi acteur disparu bien trop tôt, analyse l’art de Cazale : « Je parie qu’il poussait ses partenaires à aller plus loin, à être plus créatifs, à jouer quelque chose de plus risqué ou personnel. Parce qu’il semblait être inconfortablement vulnérable. Tout ce qu’il fait à l’écran provoque en moi une réaction du type : “Je crois que j’ai besoin de travailler vraiment plus !” » 


Quelle était sa méthode ? Pacino explique : « Il devenait celui qu'il jouait et il le faisait en posant des questions. Il m'a appris à poser des questions sans avoir à y répondre. » Ce processus qui laisse le mystère en suspens, fait étrangement écho à cette phrase d’Albert Einstein dans Life Magazine en 1955 : « L’important est de ne jamais cesser de poser des questions. La curiosité a sa propre raison d’être. On ne peut être qu’admiratif quand on songe aux mystères de l’éternité, de la vie, de la merveilleuse structure de la réalité. Essayer de comprendre chaque jour un peu de ce mystère suffit. » Les questions incessantes de Cazale ont pu parfois énerver des réalisateurs – Lumet, excédé a par exemple répondu une fois à une de ses questions sur une réplique par un « parce que c’est écrit ! » 


Meryl Streep se souvient du surnom qui lui avait été donné : « Les réalisateurs l'appelaient “Vingt Questions”. Il ne s'est jamais contenté des contours d'un personnage. Nous parlions du processus et il était très monomaniaque sur le travail. Je pense que j'étais probablement plus désinvolte, prête à choisir la première idée qui me venait et il me disait qu'il y avait plein d'autres possibilités. Ça a été une vraie leçon, j'ai vraiment pris ça à cœur et je pense toujours à ça. » 


Un des plus grands acteurs de notre époque, l’Anglais Mark Rylance le cite aussi comme une de ses grandes influences dans le quotidien Irish Times : « Adolescent, j’ai vu Un après-midi de chien. À la fin, je pleurais toutes les larmes de mon corps. Je ne pouvais pas me lever. Quelque chose s'est passé là entre John Cazale et Al Pacino. Ce fut l'une des expériences les plus stupéfiantes que j'ai eues au cinéma en tant que jeune homme. Mon père s'est assis tranquillement à côté de moi très gentiment et a attendu que le cinéma se vide. Nous n'en avons pas beaucoup parlé. » Au-delà de l’influence, Cazale et Rylance partagent une même vision de leur travail et lors d’une conférence au théâtre Old Vic en 2013, Rylance parlant des répétitions de théâtre tient exactement le même discours sur les questions : « L’exercice consiste à essayer que les acteurs se concentrent sur les questions plutôt que de bondir sur des réponses. Et avec un peu de chance, ces questions restent en vous pendant la performance. » La clef pour Rylance est de garder une extrême innocence, pour être dans l’instant. Au-delà de la virtuosité, les deux acteurs ont aussi en commun une même générosité et l’intelligence de leur art. Leur regard devient avec une facilité déconcertante un miroir de l’âme du personnage, un canal ouvert directement connecté aux émotions du spectateur qui peut alors comprendre même l’incompréhensible. 

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Cazale portait aussi en lui une sorte de mélancolie, de tristesse qu’il avait parfois dans la vie. Ses amis le décrivent comme un homme brillant, doux, hédoniste, excentrique avec des petites manies proches du trouble obsessionnel compulsif. Il fumait comme un pompier (ce qui l’a tué), il aimait les longs dîners entre amis et son travail par-dessus tout. Un travail qui lui prenait toute son énergie, lui qui s’investissait tant et qui était toujours en quête d’un nouveau rôle pour vivre. Une seule chose était certaine : il était fait pour être sur scène. Meryl Streep explique sa profondeur de jeu par les nuances qu’il y apportait : « Dans les personnages les plus drôles qu’il a joués, il y avait toujours quelque chose de tragique et dans les personnages les plus tragiques toujours quelque chose de drôle. [...] Ce petit enfoiré donnait sens à tout. » 


Malgré son physique atypique – Cazale ressemblait à Saint François d’Assise comme le dit avec humour son ami, le metteur en scène et auteur de théâtre Israel Horovitz –, il avait toujours des petites amies sublimes et « quelque chose en lui qu’on essayait d’imiter ». Et ce qui émeut le plus quand on fouille la vie de Saint Cazale, patron des grands acteurs, c’est son histoire d’amour fou avec Meryl Streep, au moment où elle commençait tout juste sa carrière. Ils vivront ensemble trois ans dans leur appartement de Franklin Street avant que le cancer n’emporte Cazale. Pacino se souvient de leur rencontre, pendant les répétitions d’une pièce de Shakespeare Mesure pour mesure : « Après Un après-midi de chien, il m’a dit “Mon vieux, j’ai rencontré la plus grande actrice de l’histoire du monde !” Vraiment ? Je me suis dit “Il doit être sacrément amoureux” Et bien, c’était Meryl Streep et il avait raison. » Elle accepte un petit rôle dans Voyage au bout de l’enfer pour être près de lui au moment où sa maladie s’aggrave. De Niro paie en douce le surplus des assurances pour garder son ami dans le film et toutes ses scènes seront filmées – au cas où – en début de tournage. Éperdue d’amour, Meryl Streep va rester avec lui jusqu’à son dernier souffle à l’hôpital, tous deux liés par une indéfectible passion. Dans le documentaire, en 2012, elle parle de lui pour la première fois devant une caméra, les yeux rouges d’émotion. De son vivant, il obtient juste une nomination aux Golden Globes pour Un après-midi de chien mais rien pour son rôle dans Le Parrain. Dans une de ses rares interviews, dans le Pittsburgh Press, pendant son dernier tournage, il avoue avoir dépassé ce manque : « Si vous avez une inclination à la paranoïa, ce genre de chose la fait ressortir en vous. Vous vous dites : “Que dois-je faire pour obtenir de la reconnaissance ?” Ensuite, vous remettez ça en perspective et vous vous demandez si n'importe quel prix compte vraiment. »  

Le 13 mars 1978, il s’éteint à trois heures du matin, à 42 ans, alors que son dernier film n’est pas encore sorti. Dans l’éloge funèbre de son ami, Israel Horovitz écrit : « John Cazale n'arrive qu'une fois dans une vie. Il était une invention, une petite perfection. Il n'est pas étonnant que ses amis ressentent une telle colère en se réveillant un matin pour découvrir que Cazale dort avec les rois et les conseillers, avec Booth et Kean, avec Jimmy Dean, avec Bernhardt, Guitry et Duse, avec Stanislavski, avec Groucho, Benny, et Allen. Il se fera rapidement des amis dans ce nouvel endroit. Il est facile à aimer. » 


Trente ans après sa mort, dans des rushs du documentaire qui n’ont pas été gardés au montage, Pacino se rappelle que Cazale était l’une des seules personnes qu’il voulait irrépressiblement impressionner quand il jouait sur scène, explique qu’il aurait pu jouer face à lui toute sa vie. Ému aux larmes, brusquement abattu de chagrin, il se souvient des rêves qu’il faisait après sa mort où son ami lui apparaissait si vivant. On se prend alors à rêver de ce que Cazale aurait pu accomplir, avec Scorsese, Tarantino, James Gray ou Paul Thomas Anderson ; de cette humanité ou de ce mystère qu’il aurait pu apporter à des pièces de théâtre, à de grands films. Cette question-là n’aura jamais de réponse¹.


1. À voir absolument... En bonus du documentaire I Knew It Was You: Rediscovering John Cazale de Richard Shepard, les rushes quasi-complets (20 minutes) de l'interview d'Al Pacino parlant de son ami et mentor Cazale sont publiés sur youtube sous l'intitulé « Pacino - I Learned More About Acting From John Than Anybody »… 



Par Delphine Valloire