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Robocop 2 : Comment passer après le succès surprise de Paul Verhoeven ?

Le robot flic est de retour dans un Detroit à feu et à sang. Au bout de son flingue, des junkies secoués de la carafe, et, en haut de l'échelle de la « fripouterie », des industriels encore plus assassins.
Robocop 2 : Comment passer après le succès surprise de Paul Verhoeven ?

Article par Clément Arbrun, paru dans notre hors-série Video Pizza, toujours dispo sur notre shop !


Le robot flic est de retour dans un Detroit à feu et à sang. Au bout de son flingue, des junkies secoués de la carafe, et, en haut de l'échelle de la « fripouterie », des industriels encore plus assassins. On ne dirait pas, vu la paresse apparente du pitch, mais à l'instar de sa plus terrifiante scène – un Robocop disséqué dont les membres arrachés se meuvent au sol –, cette suite est tout à fait chaotique.

Logique. Car comment passer après le succès surprise de Paul Verhoeven ? Et bien, en rappelant à l'ordre le cinéaste et ses auteurs déjà (Edward Neumeier et Michael Miner). Inventifs... mais pris de court par d'impossibles délais. En confiant les rênes à la vedette des comics Frank Miller ensuite, épaulé par le cador Walon Green (La Horde sauvage). De quoi fantasmer une réinvention hardcore du mythe, marque de fabrique d'un comic-book-artist qui a déjà passé à la moulinette Daredevil et Batman. Seulement voilà, son script, charge acerbe contre les corporations américaines, est jugé trop coûteux. Un insensé jeu de chaises musicales s'instaure alors pour savoir qui occupera le poste de metteur en scène. Robocop 2 aurait pu être un film post-apo propulsant le robot flic 25 ans plus tard (la version Neumer) ou une satire encore plus barbare qu'elle ne l'est déjà (la version Miller), il sera finalement aussi remodelé que l'agent Murphy lui-même. Mais pas assagi pour autant, puisque ce sequel décomplexé affiche un body count de 58 macchabées.

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Résultat de cette genèse, si Robocop était une anomalie – un scénario bidon transcendé par l'irrévérence de son auteur – sa suite est une créature malade. Tout semble plus outrancier, cinglant et bruyant. Preuve de cette radicalité qui frôle l'inconscience ? Hob. Qui ça ? Mais si, vous savez, Hob, le gosse sadique du « Nuke Cult » qui étrangle (presque) à mort l'intrépide Lewis (Nancy Allen). Bien plus qu'un golden boy, cet enfant perdu coiffé à la gomina prouve que le monde qui l'a vu naître a atteint un point de non-retour. Dans cette dystopie, même les gamins ont été vidés de leur insouciance. Hob ne joue pas à l'adulte : il le bute. Un an après la sortie de Robocop 2 débarquera son envers symétrique : le John Connor de Terminator 2, incarné par le tout aussi badass Edward Furlong. Au sein d'un univers condamné d'avance, John est le sauveur de l'humanité, là où Hob est le symptôme de son indéniable déclin. 

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Seulement voilà, si Hob est rentré dans la légende, son interprète Gabriel Damon, lui, s'est fait oublier. Loin de la superstar avant ce rôle (gosse de Mel Gibson dans Tequila Sunrise, comédien de doublage du Petit dinosaure et la vallée des merveilles), il ne le fut pas plus par la suite, galérant entre Disney oubliés (le musical Newsies avec Bill Pullman et Christian Bale) et curiosités surréalistes (Planet Ibsen, inspiré par les pièces de théâtre du dramaturge Henrik Ibsen). Qu'importe : sa performance dans Robocop 2, réponse aux kids solaires des productions Amblin, est insaisissable, dérangeante, weirdo à souhait. Une bonne raison de tenter l'expérience.


Article par Clément Arbrun, paru dans notre hors-série Video Pizza, toujours dispo sur notre shop !