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Vampires : Ça va saigner.

Les étendues arides du Nouveau-Mexique, une bande de cowboys armés jusqu'aux dents accompagnés d'un prêtre flippé et, au bout de leur attirail, des vermines assassines à dézinguer.
Vampires : Ça va saigner.

Comme toujours chez John Carpenter, il suffit d'une poignée de minutes pour planter le décor. Les étendues arides du Nouveau-Mexique, une bande de cowboys armés jusqu'aux dents accompagnés d'un prêtre flippé et, au bout de leur attirail, des vermines assassines à dézinguer. Un avant-goût si limpide qu'il nous renverrait presque aux westerns matriciels de Budd Boetticher et Raoul Walsh. Oui, mais voilà, Vampires est une œuvre du maître de l'horreur. Autrement dit, un tableau d'apocalypse aux tonalités sanglantes et à la violence primale. Aux antipodes des fresques romantiques de Neil Jordan (Entretien avec un vampire) et Francis Ford Coppola (Dracula), Carpenter prend le mythe vampirique au col pour le purger de tout lyrisme. Ici, le prince de la nuit n'est qu'une bête sauvage et ceux qui le traquent le sont tout autant. Ça va saigner.

Par Clément Arbrun. Article paru dans le Hors Série Rockyrama Video Pizza, 2021.

Notre livre dédié à son réalisateur, John Carpenter, est enfin disponible sur notre shop !


À la genèse du projet, on trouve déjà quelques empoignades : Vampires est la réinterprétation libre d'un roman de John Steakley et de deux scénarios différents (signés Don Jakoby et Dan Mazur), processus de réécriture opéré en compagnie de Larry Sulkis, qui a accompagné Carpenter sur des œuvres comme Invasion Los Angeles (en tant que producteur) et Ghost of Mars (en tant que scénariste). Forcément chaotique, ce drôle d'hybride oscille sans cesse entre l’effusion gore Grand-Guignol et un sens du morbide beaucoup plus mélancolique, une forme de poésie qui ne dit jamais son nom. 

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Comme si « Big John » était conscient d'être assimilé à un « ciné de mecs » depuis la sortie de The Thing, le voilà qui persiste et signe jusqu'à l'auto parodie avec cette chronique de l'Ouest revisitée, où quelques gars « burnés » dégomment des vampiresses entre deux punchs machos. Fascinant contraste alors que cette obsession pour les couchers de soleil rougeoyants (si lyrique !) ou que cette conclusion décalée, proposant une love story tordue entre Stephen Baldwin et l'une des figures féminines les plus captivantes de la décennie : Sheryl Lee, la Laura Palmer de Twin Peaks.


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D'un côté, le spectacle régressif d'un James Woods tonitruant, rappelant du bout de ses lunettes de rock star les légendes qu'il a côtoyées – Robert Aldrich, Arthur Penn, Sergio Leone. De l'autre, le portrait de pauvres mecs en mal de bromance, incapables de communiquer autrement que par la force, et ailleurs que dans des motels ou des bordels. Le trait est joliment appuyé : lorsqu'il s'adresse au Père Adam Guiteau, l'impitoyable Jack Crow assimile le meurtre des suceurs de sang au fait « d'avoir la trique », « le bambou » voire même « un gourdin d'enfer ». 


Inutile de vous faire un dessin. George Nada, le protagoniste de They Live, résumait déjà ce nihilisme au masculin l'espace d'une nonchalante tirade : « Je suis venu ici pour mâcher du chewing-gum et botter des culs… Et j'ai plus de chewing-gum ». Plus que les séquences d'effroi, étonnamment rares de la part du chirurgien de la terreur, c'est ce spectacle à la fois pathétique et jubilatoire d'une virilité sur le déclin qui fascine le plus.