WarGames de John Badham, 1983
1983. Deux blocs se font face. Il est difficile, en 2023, de bien saisir l’atmosphère de l’époque, cette chape de plomb qui fait peser sur le monde une menace atomique, chaque partie jouant une course effrénée à l’armement. Il était alors évident qu’
1983. Deux blocs se font face. D’un côté, à l’ouest, les États-Unis d’Amérique, champions incontestés de la team capitaliste. De l’autre, à l’est, l’Union des républiques socialistes soviétiques, le plus souvent abrégée en URSS, qui mène la vie dure à l’occident. Il est difficile, en 2023, de bien saisir l’atmosphère de l’époque, cette chape de plomb qui fait peser sur le monde une menace atomique, chaque partie jouant une course effrénée à l’armement. Il était alors évident qu’Hollywood devait s’en faire l’écho, le cinéma américain n’ayant jamais trop tardé à s’intéresser aux guerres contemporaines et à traiter son actualité récente, voire immédiate. L’un des films qui mettront le mieux en lumière cet affrontement est WarGames de John Badham.
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Pur divertissement des années quatre-vingt, le film met en scène un jeune hacker, David Lightman, incarné par Matthew Broderick. David va, sans même le savoir, être sur le point de déclencher une troisième guerre mondiale en « discutant » avec un ordinateur de l’armée par modems interposés, ce dernier lui proposant de simplement « jouer à la guerre thermonucléaire ». Rien de moins. Là aussi, il faut nous mettre dans la peau du spectateur de l’année 1983… C’est qu’à l’époque, « l’ordinateur à la maison » est un phénomène en plein essor à travers les États-Unis, un fait culturel qui allait tout changer et rendait le film plus que jamais en phase avec son temps. Le jeune David devenait alors le boy next door par excellence, le petit prodige du quartier capable de changer ses notes sur l’ordinateur de son collège, ou depuis sa chambre, grâce à un ordinateur et un modem. Une scène qui en aura fait fantasmer plus d’un spectateur de l’époque, à commencer par votre Frank Rigatoni favori, qui a eu la chance de découvrir ce film un samedi après-midi au cinéma, alors que ses parents se tapaient Flashdance dans la salle voisine. Deux vraies salles, deux vraies ambiances. Mais ce qui alors, dans le film, relevait de la pure science-fiction, c’était bien internet. Une technologie réservée à quelques scientifiques et militaires, loin d’être encore ce moyen de communication que nous connaissons aujourd’hui. Internet faisait ainsi entrer le film dans une tout autre dimension.

En juin de la même année, le président Ronald Reagan se rend à Camp David, lieu de villégiature des présidents américains où se sont joués quelques-uns des moments de diplomatie les plus décisifs, de ces moments que l’on dit « off ». Ce soir-là, le président Reagan, après avoir vidé sa canette de Coca-Cola et englouti quelques frites avec son burger préféré, se sent d’humeur à regarder un film. Son choix se portera sur WarGames.
Celui qui avait défini l’URSS comme « l’empire du mal » et qui mettra en place le projet de défense « Star Wars » convoquera, deux jours plus tard, les congressistes, et lors d’une prise de parole devenue célèbre, s’arrêtera en plein discours pour demander : « Avez-vous vu WarGames ? » C’est dire à quel point la menace soviétique et nucléaire était une affaire imprégnant le quotidien des Américains, et à quel point ce président, ancien acteur de métier, fut capable de mettre en suspens sa propre crédulité pour envisager le film de John Badham comme « réaliste ». En septembre 1983, suite à la sortie du film au cinéma, une loi anti-hacker portée par le démocrate Dan Glickman voit le jour, le congressiste n’ayant eu qu’à montrer quatre minutes de WarGames aux autres membres du congrès. Alors si d’aventure quelqu’un vous demandait si le cinéma peut changer le monde, dites : « oui ».
P.S. : Et s’il vous prenait l’idée de pirater les silos de missiles nucléaires américains, sachez que les systèmes informatiques n’ont pas changé depuis WarGames. Car au lieu de se lancer dans une course technologique avec les hackers, le Pentagone a choisi de conserver des appareils et des logiciels vieux de plus de trente ans, afin de s’assurer que personne ne puisse s’introduire dans le système aujourd’hui. Et ça, vous ne l’aviez pas vu venir…